lundi 1 octobre 2012

Chittorgagh


Nous avons passé cette dernière journée avec Tanay, qui non content de nous traiter comme des princes dans son hôtel et au dehors, nous proposa de nous conduire à Chittorgagh, qu’il n’avait jamais vu. Ne pouvant refuser pareille proposition, nous sommes de nouveau montés en voiture et avons pu expérimenter une autoroute indienne. Croyez-moi, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Entre les piétons qui traversent n’importe où, n’importe comment, les troupeaux de buffles ou de moutons qu’il faut éviter et les camions qui roulent à contresens (véridique !), le voyage ne fut pas de tout repos ! Mais bon, au moins la route était en bon état, et Tanay est un bon conducteur.






La petite ville de Chittorgagh ne présente pas grand intérêt en elle-même, mais cette ancienne capitale du Mewar (petit royaume Rajpoute légendaire) propose, perchée sur sa falaise et dominant toute l’horizon, une des forteresses les plus impressionnantes du Rajasthan. Une véritable merveille architecturale pour tout dire ! Aujourd’hui, le palais royal est vide et ne donne guère envie d’être visiter, néanmoins, le plateau de la forteresse abrite encore de nombreux temples, monuments, et diverses tours à la gloire des dieux et des héros de la région.







Afin de vous coucher ce soir un peu plus cultivés, voici un petit récapitulatif des évènements qui ont fait la renommée de cet endroit légendaire. Trois fois, la forteresse fut enlevée par les Moghols, à l’issue de batailles héroïques, qui selon Tanay ne furent perdues que parce que les Rajpoutes étaient de gros manches, braves certes, mais piètres guerriers. La première fois, en 1303, lorsque le sultan de Delhi entendit parler de la beauté incomparable de la reine Padmini (incarnée au cinéma par Nathalie Portman). Se mettant aussi sec à fantasmer comme un adolescent biactolé en rut, il exprima le désir de pouvoir la contempler. Pour éviter une guerre, Padmini y consentit à condition que cela se fît uniquement par le biais d’un jeu de miroirs, pour préserver son honneur. Mécontent, le sultan fit emprisonner le roi Rajpoute par traitrise. C’est alors que la reine, aussi intelligente que belle, accepta alors de se rendre au camp ennemi accompagnée de 700 palanquins pour ses servantes. Mais en réalité (tadada ! roulement dramatique), ces derniers étaient portés par des soldats déguisés, et qui en cachaient d’autres dedans ! (Trop forte la Padmini !) Grâce à cette ruse, elle délivra son époux. Mais le sultan ne l’entendait pas ainsi, et il assiégea alors la forteresse avec une armée énorme. Sur le point d’être battus, les Rajpoutes revêtirent la robe safran du sacrifice suprême, et résistèrent jusqu’au dernier, tandis que la reine et des milliers d’autres femmes inaugurèrent le johar, le suicide par le feu. Ah, en fait non, Padmini était un peu coconne…







Le deuxième sac de la cité eut lieu en 1535, après la victoire du sultan du Gujarat, Bahadu Shah. Là encore, la reine et 13000 femmes préférèrent le johar à des parties de cache-cache ou des tournantes dans les caves avec les soldats ennemis vainqueurs. Enfin, en 1568, le grand empereur Moghol Akbar fut responsable du troisième et dernier sac de Chittorgagh. Après un siège de plusieurs mois, à court de vivres et à bout de force, les 10000 derniers guerriers Rajpoutes revêtirent une ultime fois leurs jolies robes safran et leurs boucles d’oreilles pour tenter une sortie, tandis qu’à nouveau (non mais c’était devenu la coutume…), des milliers de femmes se jetaient dans les flammes. C’est alors qu’Akbar aurait prononcé cette phrase aujourd’hui célèbre : « This is a trap ! », avant de tous les tuer, puis de leur ériger un monument mémorial, parce que c’était trop classe.







Voilà ! Demain, nous étudierons comment les Britanniques essayèrent d’instaurer la traditionnelle fête à la saucisse dans un pays à dominantes hindou et musulmane, et comment Astérix sauva la belle princesse Shéhérazhade, qui n’était autre en fait que ce perfide chevalier d’Eon. En attendant, après nous avoir déposés dans la sublime ville d’Udaïpur, Tanay s’en est retourné travailler dans son hôtel. Bientôt donc, la suite des « Aventures de Hamoumou et Mat le Cheyenne au Rajasthan », version 3D, sur ce blog ! Bisous.




3 commentaires:

  1. Trop classe.....le cours d'histoire!
    Tu es bien mon fils que j'aime.

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    1. Je sais, mère. Et je tâcherai tant que faire se peut de répondre à vos attentes culturelles.
      Néanmoins, une question me taraude: m'aimeriez vous moins si je vous décevais sur ce point bien spécifique?
      En vous embrassant fort, comme un bon fils à sa mémère...

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    2. sans culture point de salut, mais bon, tu es mon fils, alors je t'aime...

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