Je
crois que nous commençons à subir le contrecoup de ce voyage. Je ne sais pas si
c’est du à la chaleur qui s’est considérablement accru en remontant le Rajasthan,
à la fatigue harassante qui en découle, au tempérament des gens du nord,
beaucoup plus aigris et agressifs que ceux du sud, ou tout simplement à la folie
qui nous guette. Peut-être est-ce également du au fait que nous sommes passés d’une
certaine « sécurité » (en compagnie de Sushant et Séréna à Bombay,
puis avec Tanay à Mount Abu) aux aléas du voyage purement touristique, et de
nouveau livrés à nous même. Néanmoins, nous ressentons les choses d’une manière
bien différente par rapport à notre arrivée en Inde, et n’éprouvons plus cet
engouement enfantin propre aux voyageurs. Oui, en quelque sorte, je crois que l’on
peut dire que nous sommes un peu blasés.
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Jaïpur, dite "la ville rose" |
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A part 2 ou 3 rues, je ne vois pas pourquoi |
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Dominée par le Fort de Nahargagh |
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Le Albert Hall Museum |
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Ça pourrait aussi bien s'appeler "la ville bleue" |
Je me doute bien que c’est un sentiment
passager, du moins en ce qui me concerne, pour l’avoir déjà expérimenté durant
mon voyage en Afrique. Mais je dois avouer que nos dernières péripéties en date
nous ont confortés dans l’idée qu’il serait bon pour nous de ne pas trop tarder
à changer de pays. Cela dit, je compte bien profiter des trois semaines qu’il
nous reste avant de décoller depuis Calcutta, quitte à acheter un Uzi au marché
noir et à dégommer quelques casse-couilles au passage.
Je m’explique : alors que nous avions pris
la peine de réserver à l’avance une chambre dans une guest house de Jaïpur, et
rappelé deux fois par la suite pour être bien sûrs que c’était bon, le proprio
nous a accueilli d’un sourire diabolique, nous expliquant que l’hôtel était complet,
et que nous devions passé la première nuit dans l’immeuble miteux et désertique
de l’autre côté de la rue. Vous me connaissez ; après avoir gueulé, tempêté,
hurlé à la mort et pissé partout, j’ai fini par me résigner, l’œil noir et
épuisé, et ce n’est que le lendemain que nous avons pu obtenir la chambre tant
désirée (qui s’est avérée être un cloaque répugnant). Puis nous nous sommes
rendus au City Palace dans la vieille ville, mais (encore une fois !)
toutes les visites proposées avaient vu leur prix doublés pour d’obscures
raisons, et les étrangers se voyaient demander (encore une fois !) presque
cinq fois le tarif accordé aux autochtones… Proche de la crise de nerf face à
tant d’injustice et de racisme (si, si, du racisme !), nous sommes partis
à la recherche d’un restaurant pour nous sustenter, mais chemin faisant, il s’en
est fallu de peu que je ne me batte pas moins d’une douzaine de fois avec des
mecs qui mataient le plus naturellement du monde les jolies formes de Samia,
pourtant couverte de la tête au pied ! Je pense qu’ils l’auraient autant
maté si elle avait porté une burqa, c’est
pour dire… Bande de saligauds pervers et pas beaux en rut !
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Remarquez bien le changement de prix récent |
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Samia se demande si elle doit sauter tout de suite |
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Aaah la blague! On est à Paris! |
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Une belle vache sacrée, dans son élément |
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Amours cochonnes |
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Le type était prêt à me lancer un couteau
voire à me donner à bouffer à son serpent |
Mais ce n’est pas tout ! Ayant déjà
rencontré des difficultés pour trouver un rick-shaw qui n’essayait pas de nous
entuber à l’aller, nous nous sommes confrontés au retour (encore une fois,
bordel !) à une dizaine de chauffeurs qui nous demandaient de 100 à 180
roupies pour une course qui n’en valait que 40… Après en avoir insulté quelques-uns
et m’être fait insulter en retour, nous avons dû marcher six kilomètres à la
nuit tombante pour rentrer, bien que ce cher Guide du Routard (encore une fois,
bordel de merde !) n’en mentionnait que trois sur le plan de la ville. O
joie ! Mais attends, attends, attends ! C’est pas fini ! Le soir
venu, désirant nous rendre au petit resto qui se situe à deux rues de l’hôtel, nous avons croisé la route d’une bande de
quinze gamins, qui après nous avoir salué, rigolé et plaisanté avec nous,
commencèrent à devenir un peu entreprenant. L’un d’entre eux, le plus grand
évidemment, a mis une main aux fesses de Samia, qui s’en est retrouvée
tétanisée de colère et d’incrédulité. Les engueulant vertement, mais n’osant
pas porter la main sur des enfants, nous leur avons tourné le dos quand tout à
coup, l’un d’entre eux (putain, encore une fois pour ma pomme…) nous a jeté une
pierre ! J’ai bien essayé de les choper, mais ils se sont carapatés vite
fait, et un homme passant par là nous a conseillé, pour la prochaine fois (!)
de ne pas hésiter à les gifler… Je peux faire ça même aux adultes, monsieur ?
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En vente libre dans toutes les bonnes compagnies de bus |
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Même les vieux sont prêts à tout pour
nous arrêter dans la rue |
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Quant aux jeunes, ils s'entraînent,
jour après jour, au banditisme |
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Un écureuil karatéka, juste avant de me sauter à la gorge |
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Dédé, tué sur son lieu de travail |
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Par de jeunes voyous insouciants |
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Batman! Tadadadadadada... |
Voilà. Autant vous dire qu’à part de petites
sorties en mode camouflage, évitant tout contact humain et nous cachant
rapidement à la moindre tentative de dialogue, ou nous mettant à courir en
hurlant quand des enfants nous sourient, nous restons cloîtrés dans la chambre,
lumières éteintes et rideaux tirés, ne parlant pas et priant dans le noir que l’on
vienne nous sauver. Parfois, Samia s’éclaire le visage par en dessous à la
lampe torche, et me chuchote :
« Mathieu, je vois des indiens partout ».
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Avinash, cuistot népalais et Bad Boy |
Voila ce que c'est de quitter sa mère !
RépondreSupprimerOh arrêtes un peu maman poule! J'essaie de couper le cordon, et toi, tu tentes de m'attraper au lasso avec...
SupprimerComment ça couper le cordon ?
SupprimerC'est un filin en acier !
Si tu crois que l'on peut se débarrasser de sa mère avec quelques milliers de km.......tu te goures mon très chéri.
Hasta la muerte !
Ah ah ah... Hasta la muerte, mamma mia!
SupprimerUn blog de pros ultra complet, jolies photos, c'est vrai que Jaipur ne nous a pas laissé un souvenir impérissable! On se recroise peut-être au Vietnam a++
RépondreSupprimerHello guys! Merci, et avec grand plaisir! faites attention à vous...
RépondreSupprimerIl est temps pour vous d'aller en Asie afin de retrouver votre émerveillement et la sérénité mes amis??paix et amour fred prenez soin de vous :*
RépondreSupprimerTu m'étonnes... Joie et bananes flambées Mister Fred. Euz!
RépondreSupprimervraiment excellents les commentaires qui accompagnent les photos.
RépondreSupprimerJe vois que l'aventure au sens propre a déjà commencé.
Content de voir que vous gardez cet esprit d'ironie critique à l'égard de vos péripeties..
Hé hé... Dis toi que l'aventure a commencé à la minute où on a posé le pied à Bombay, et où des gars avec de faux badges du bureau touristique ont essayé de nous entuber. Et t'inquiètes, ce ne sont pas 10 ou 20 losers qui me dépareront de mon cynisme! Bien à toi, Ramoumou ;)
RépondreSupprimerMerci Matthieu pour tes écrits si "parlant", tu nous fait voyager avec vous et ca fait du bien de vous sentir proches de cette manière la ;)
RépondreSupprimerJ'espère que vous avez pu vous remettre de la folie de Jaipur et bravo pour votre courage face à l'agressivité et aux obstacles que vous avez rencontré !
Les tophs sont top :)
J'espère que les montagnes de Dharamsala vous apportent en ce moment la paix et la sérénité que vous méritez.
On pense bien fort à vous,
Gros bisous Nes.
Rooooh bin merci à toi, ça me fait très plaisir tout ce que tu écris!
SupprimerAprès, je pense que le mot "courage" est un peu excessif, mais au moins sommes nous persévérants, et puis effectivement, Dharamsala soigne nos plaies émotionnelles de la meilleure manière qui soit: c'est zen...
Bien à toi et Mathias également, kiffez la vie, kiffez la zic, tout le monde sur le flex, et kiffe sa vibe on the night! ;)
Big bisous (dixit Carlos)