dimanche 30 septembre 2012

Mount Abu - Rajasthan


Ce n’est pas sans mal que nous avons quitté Bombay. D’une part car il nous a fallu dire au revoir à Sushant et Séréna, après une dernière jam et un atelier crêpes (et après dix jours de glande active chez eux tout de même !), et d’autre part parce qu’il est très, mais alors très difficile de prendre le train en Inde. Je vous jure, c’est la mer à boire ! Non seulement, si l’on ne s’y prend pas assez en avance (minimum deux semaines), on a de grandes chances de se retrouver sur « Waiting List », et là, autant vous dire que c’est mal barré ; mais chaque agence ou guichetier essaie de vous truander en vous vendant les billets deux fois le tarif normal, arguant que les trains sont complets, alors que ce sont eux qui achètent des lots de places en avance pour pouvoir les revendre plus chères au dernier moment ! Tout un poème… Cela nous a valu un nouveau faux départ, et une belle balade dans le centre-ville afin de trouver le seul bureau apte à délivrer des tickets en utilisant le « tourist quota ». Balade un peu mouvementée, puisque nous nous sommes retrouvés dans un train de banlieue, aux heures de pointe, au milieu d’une foule d’indiens enragés prêts à tuer pour pouvoir monter ou descendre du wagon ! Enfin, je parle pour moi, car Samia était confortablement installée dans celui réservé aux femmes, pendant que je luttais âprement pour ma propre survie, accroché tant que faire se pouvait aux portes, sur le marchepied extérieur. Intense !


Pas du tout représentatif du texte ci dessus!

C'est juste pour vous montrer une bétaillère indienne

Pas taper!

Quoi qu’il en soit, nous sommes finalement parvenus à prendre un train, en Sleeper Class s’il vous plaît (je confirme au passage, cette classe c’est vraiment de la m…), à destination de Mount Abu.

Nous avions longuement hésité à venir dans cette station d’altitude, très prisée par les touristes indiens, pensant qu’elle ressemblait fort à Kodaïkanal et que cela ne présenterait aucun intérêt particulier. Mais heureusement pour nous, Sushant réussit à nous convaincre, nous conseillant de rendre visite à son ami Tanay. Grand bien nous fit, car nous nous sommes retrouvés parachutés dans une chambre de luxe, en face d’une piscine, dans un hôtel 4 étoiles nommé facétieusement le Hilltone, et sans débourser un seul centime. Car en plus d’incarner gentillesse et générosité dans leurs plus grands apparats, Tanay se trouve être le fils du directeur, ainsi que le responsable des deux restaurants gastronomiques de l’hôtel. Une véritable crème… Et même s’il nous est arrivé de culpabiliser face à tant d’aubaine, je dois vous avouer que nous en avons profité un maximum, oubliant nos conditions de simples back-packers pour nous hisser au rang autrement plus prestigieux d’hôtes de marque.






Tanay s’est aussi révélé être un guide cultivé, rieur, disponible, et un excellent compagnon. Trois jours durant, il nous a baladés au volant de sa Skoda à la découverte des merveilles de Mount Abu, et nous avons pu bénéficier de ses nombreuses connaissances historiques et religieuses sur le Rajasthan. A commencer par le temple Dilwara, dédié aux Tirthankaras, les prophètes du Jaïnisme  D’imposants remparts abritent en fait cinq temples, édifiés aux XIème et XIIème siècles, disposés en terrasses au milieu des rochers et entièrement construits… en marbre. Chaque colonne, chaque statue, chaque fresque est finement ciselée dans cette pierre pourtant réputée pour sa dureté. Le résultat est saisissant. La complexité et la finesse des sculptures sont à couper le souffle. Un dôme colossal, ouvragé en forme de lotus aux mille pétales, aurait même été taillé dans un seul gigantesque bloc et posé sur le reste de la structure… Dommage que ce soit interdit de pénétrer dans l’enceinte avec son appareil photo, vous auriez été bluffés.





Mount Abu, selon ses habitants, serait le berceau de l’humanité, ou du moins un havre de paix immémorial. De ce fait, il est aisé de concevoir que nombre de souverains et de maharajahs y aient élu leurs domiciles, principaux ou secondaires, à l’ombre des montagnes et loin de la fournaise des plaines. Ainsi, le site est recouvert de palais et de splendides demeures, souvent reconvertis en hôtels, et semblant tout droit sortis d’un conte des Mille Et Une Nuits. C’est magnifique. Et de nombreuses terrasses offrent une vue imprenable sur un mignon petit lac encadré par des montagnes certes vieilles, mais majestueuses. Nous avons également profité d’un magnifique coucher de soleil au terme d’une randonnée épique, tandis que des centaines d’indiens, à quelques encablures de là, hurlaient à la mort pour saluer l’évènement. Très étrange pour le coup…










Hier enfin, Tanay nous a emmenés dans un Centre de Réhabilitation pour les Aveugles, construit en 2009 sous l’initiative du docteur A. Sharma et s’occupant donc, comme son nom l’indique, de préparer des aveugles (pour la plupart de naissance) à retrouver une vie sociale « normale ». Le travail accompli dans ce centre est impressionnant, le professeur (un homme fascinant) ayant fait construire un studio d’enregistrement de pointe afin de créer des livres audio électroniques facilement téléchargeables par les non-voyants. Ces derniers y apprennent aussi le braille, la cuisine, et… la musique. Les entendre chanter fut une expérience des plus poignantes, et c’est plein de respect que nous leur avons interpréter à notre tour quelques chansons. Je ne faisais pas trop le malin pour une fois, et tandis que de nouveaux arrivants débarquaient en entendant l’émotion qui perçait dans la voix de Samia, ils battaient tous la mesure. Leur réaction nous laissa pantois, de bonheur et d’humilité. Leur gratitude face au simple fait de leur avoir accordé du temps, de leur parler d’égal à égal, fut époustouflante, et atteignit des sommets lorsque je leur offris mon harmonica de poche. Il n’y a pas à dire, la musique est un langage à part entière, et sa magie a encore opéré durant cet échange véritable. Ces instants passés en leur compagnie resteront longtemps gravés dans nos mémoires.






samedi 22 septembre 2012

La boucle est bouclée


En effet, après un mois et demi de pérégrinations à travers les fantastiques régions du sud de l’Inde, nous voici revenus au point de départ, à Bombay, chez Sushant. Mais revenons un chouia en arrière, pour savoir ce qu’il s’est passé ces dix derniers jours. Allez, flash-back !

Nous sommes finalement partis de Kochy (alias Cochin), avec la merveilleuse sensation que nous y reviendrons un jour, d’une manière ou d’une autre. Vraiment, le Kérala fut une révélation, et nous a procuré d’intenses moments de félicité. D’autant plus qu’après l’épisode peu glorieux de la Sleeper Class, nous nous sommes offert le luxe de prendre un train en deuxième, avec clim et petit déjeuner… Oui, je sais, c’est un peu loin de la roots attitude que je pensais avoir durant ce voyage, mais il faut savoir se faire plaisir de temps en temps ! (ce que nous faisons essentiellement)




C’est ainsi que nous sommes remontés, confortablement installés dans un train couchette, vers Goa. Sauf que cette fois, sur les conseils de voyageurs rencontrés sur la route, nous sommes demeurés dans le sud de ce splendide état, plus précisément dans un petit village de pêcheurs, résistant encore et toujours à l’envahisseur… non, ça c’est une autre histoire… Un petit village côtier, donc, nommé Benaulim, offrant les charmes d’une végétation luxuriante, de restaurants avenants, et d’une immense plage ensoleillée, peu fréquentée, et surtout, propre ! Un véritable délice pour les sens… Du moins de quoi recharger nos batteries avant de rejoindre Bombay. Et nous en avons bien profité, vous pouvez me croire ! Entre les balades sur du sable fin, les baignades à rallonge dans une eau claire et calme, la caresse du soleil sur nos peaux reconnaissantes et une bonne bière fraîche sur une terrasse de plage, nous n’étions pas mécontents de ne pas être à Paris à ce moment. Désolé, mais c’est plus fort que moi…



























Bref, après ce petit passage idyllique, nous sommes repartis en train, de jour cette fois, afin de profiter des sublimes paysages de la région, et avons rejoint notre point de départ, Mumbaï la démesurée. Bon, on va passer sur les détails désagréables qu’on aimerait bien ne pas rencontrer, tels que Rick-shaws, saleté, surpopulation, nuisance sonore et mensonges éhontés des bookers de billets dans les agences de voyage, il me semble m’être déjà amplement étendu sur le sujet. Abordons plutôt les bons côtés ! Tout d’abord, nous avons retrouvé Sushant, chez qui nous squattons encore à l’heure qu’il est, et sa copine Séréna, qui demeurent la gentillesse incarnée et avec qui nous nous entendons comme des larrons en foire. Nous étions tous réellement heureux de nous revoir, et ils nous rendent la vie beaucoup plus simple, devançant nos désirs et nous entourant de petites attentions que l’on ne saurait attendre que de très bons amis, ou de sa famille. Que ce soient les friandises que nous achète ou nous prépare Séréna, les bons petits plats de la mère de Sushant, les jams improvisées par ce dernier, les sorties en ville et au dehors, l’aide qu’ils nous ont apporté lorsque nous avons rencontré des problèmes de paiements en ligne, on peut dire qu’ils nous gâtent, comme des coqs en pâte ! En fait, nous redoutons terriblement le moment où nous devrons leur dire au revoir, pour longtemps cette fois. C’est l’aspect désagréable du voyage, toutes ces rencontres éphémères suivies de longues séparations, mais bon, on s’y est préparé.

Sushant et Séréna

So Sweet Sushant's mother

Bombay by night


Nous nous sommes tous octroyés une journée fort sympathique, hors de la ville et en voiture, pour nous rendre à deux heures de route dans la station de Matheran. C’était formidable, et nos amis en avaient bien besoin à vrai dire ! Perché sur une montagne dominant les collines alentours, entouré de lacs et de cascades rebondissantes, ce village offre la particularité de posséder des centaines de chevaux et donc de proposer des randos équestres dans un somptueux décor. Nous leur avons préféré la marche, car c’est tout de même un attrape-couillon, et avons ainsi gagné le sommet, perdu dans les nuages et disposant d’un panorama époustouflant, un peu dans le genre de Kodaïkanal. Le retour à la bagnole, sous une interminable pluie torrentielle, nous laissa trempés et frigorifiés, mais ça valait le coup. C’était une journée parfaite.


Facebook et Twitter (c'est pas une blague!)



String à l'indienne









Zombie Time


Depuis cinq jours, les indiens fêtent Ganesh, le Dieu-Elephant, et la ville est en pleine effervescence. Des guirlandes électriques recouvrent les bâtiments, des musiciens jouent partout (en mode Batucada !), et des milliers de petites, moyennes ou importantes processions affluent des quatre coins de Bombay, transportant de plus ou moins grosses statues de la divinité, afin de les jeter à la mer, d’où serait sorti leur Babar local. C’est impressionnant ! Des centaines de jeunes indiens courent après les véhicules pour se proposer en tant que porteurs jusqu’à la mer, des familles entières dansent dans la rue, provoquant parfois des embouteillages monstres, le tout dans une cacophonie assourdissante de klaxons, de percussions, de cris et de chants. Et encore, ce n’est que le début, les célébrations se poursuivent sur dix jours, allant crescendo dans la fréquentation, la folie, et la taille des statues !





Mais voici que s’achève notre étape. Nous repartons en effet lundi, direction le Rajasthan, via Mount Abu, Udaïpur, Jodhpur et Jaisalmer, afin d’aller voir le désert. Ah oui, nous avons aussi changé nos plans pour le mois prochain, et ne nous rendrons plus au Népal, tant pour des raisons financières qu’administratives, lui préférant les régions du nord de l’Inde, où l’Himalaya prend naissance, et où c’est un peu moins le bordel. Nous avons également pris nos billets d’avion pour la Thaïlande, et partirons le 29 octobre de Calcutta, pour Bangkok. Cela nous laisse donc presque un mois et demi pour vadrouiller en Inde du nord, vous poster de nombreux posts, et vous faire rêver avec des centaines de photos… A bientôt !


Non, une dernière chose avant de vous quitter, Samia et moi-même voudrions adresser nos félicitations et tous nos vœux de bonheur à Sabrina et Pascal, alias les Rahbibi, qui se marient aujourd’hui. Les amis, vous nous manquez, et nous pensons fort à vous. Eclatez-vous bien, et vive les mariés !!!