jeudi 14 novembre 2013

Wonderful Wild Life on the West Coast


Allez, soyons un peu plus gais ! Non, je dis ça, parce que nos dernières aventures étaient un peu tristounettes, voire carrément dramatiques, toutes proportions gardées… Et cela tombe assez bien, puisque la suite s’est révélée beaucoup plus joyeuse, intéressante, et enrichissante. Voici donc pour vous, lecteurs attentionnés, le récit de nos péripéties et de nos rencontres sur la magnifique côte ouest australienne, à commencer par…





Exmouth


Nous avions roulé à peu près 1000 kilomètres _ depuis notre sortie de garage à Port Hedland, et sans rencontrer de soucis avec le van _ lorsque nous avons rejoint Paul et Audrey à Exmouth. Nous pouvions donc désormais nous laisser aller, sans plus penser avec angoisse à d’éventuelles couilles techniques, à mourir de soif dans le désert, ou à nous faire dévorer vivants par des millions de mouches voraces, qui ne laisseraient derrière elles que nos os immaculés et luisants. Non, point de boule au ventre à partir de là. Plus de montée d’adrénaline soudaine, ni de glaçage de sang intempestif. Nous étions libres de savourer à chaque instant un morceau du délice, à chaque homme accordé pour toute sa saison (« Horloge », C. Baudelaire. 15 millions d’albums vendus). Bref. C’est exactement ce que nous avons fait.






Exmouth se situe à l’extrémité d’une péninsule, au nord-ouest, et donne accès au fabuleux Cape Range Park. Nous n’y sommes pas restés bien longtemps, mais nous en avons tout de même bien profité. Dès le premier jour, nous nous sommes postés sur une plage où des tortues géantes viennent quotidiennement pondre ou s’accoupler. Sous des rafales de vent glaciales, nous espérions les voir se monter dessus, ou encore assister à la course contre les mouettes de petites tortues toutes pataudes… Mais non. Mais c’était chouette quand même ! Puis nous avons guetté des heures durant toute une colonie d’oiseaux divers et variés, à l’abri d’un observatoire en bordure d’un lac. Des pélicans pêchaient sans interruption, tandis que des hérons disputaient la vedette aux aigles marins, aux goélands, et autres espèces étranges. Très sympa. Très ornithologique même, je dirais.






 




Le lendemain, nous avons rejoint Max et Caro, et toute la petite troupe rencontrée à Broome, pour une grosse session de snorkeling. Etonnamment, les fonds, bien qu’un peu plus pauvres, ressemblent fort à ceux que l’on trouve en Thaïlande ou en Indonésie. De même pour les espèces sous marines. Nous avons donc retrouvé avec plaisir Sergents-majors, Butterflies, Demoiselles, Perroquets et Napoléons, et avons même rencontré quelques nouveaux spécimens encore inconnus à nos yeux. Un gros kif en somme ! A un moment, Paul et moi avons vu un « petit » requin à pointe noire, et nous pensions alors avoir réussi notre journée, mais nous étions loin d’imaginer que nous allions la rendre plus passionnante encore.











L’accès à « Turquoise Bay », une sublime plage aux eaux aussi limpides que leur nom, était fermé, car une touriste s’était un peu fait croquer le bras la veille, et une chasse au requin s’était donc organisée. Déçus, nous avons décidé de nous rendre un peu plus loin, avec Polo et Dédette, sur un spot de snorkeling appelé « Lakeside ». L’eau était claire, offrant une excellente visibilité, mais un courant extrêmement puissant nous emportait toujours plus au nord, et nous devions à un moment donné regagner la plage, la remonter en marchant, et nous remettre à l’eau en nous laissant dériver, pour recommencer le même manège un quart d’heure plus tard. C’est là que nous vîmes les tortues. Pas des petites, hein !?! Non, trois énormes tortues géantes 
qui nageaient avec fluidité dans l’eau tourbillonnante. Du moins deux d’entre elles, car la troisième, maligne, s’était calée dans une faille d’un récif pour échapper au courant, et mangeait tranquillement, imperturbable, le corail et les organismes qui l’entouraient. Samia, elle, était plus loin, luttant contre le courant pour nous rejoindre, mais n’y parvenait pas, et commençait à s’épuiser et à paniquer, ratant ainsi le spectacle.





Nous dûmes donc ressortir, mais courageuse, notre sirène nationale décida d’y retourner, et nous tombâmes sur les raies Manta. La première était gigantesque (environ 2m d’envergure), et se mouvait avec grâce au dessus du fond sablonneux, nous observant de côté de son œil torve. C'était Magique. Nous nous sentions comblés.

Mais un peu plus loin, Paul et moi observions une sorte d’anguille lorsque Samia nous appela nerveusement. Elle avait vu un gros poisson, caché dans l’ombre, au pied d’un énorme rocher, et nous demandait ce que cela pouvait bien être. Nous avons donc plongé, en apnée, pour nous retrouver nez à nez avec le plus gros requin que j’ai jamais vu. Je pense qu’il atteignait les 3 mètres, et nous étions à portée de sa gueule ! A peine sommes nous remontés pour prévenir Samia quant à la réelle nature de son poisson, que le bestiau sortait lentement de l’ombre, se retourna comme au ralenti… et de deux coups de queue sortit de notre champ de vision, se perdant dans l'obscurité trouble de l'horizon sous marine... Bon, au début, sans vouloir me la péter, j’étais chaud pour 
continuer, mais tandis que nous nagions de plus en plus rapidement vers la plage, je réalisais que les requins des environs n’étaient pas particulièrement sympas (pour preuve: la touriste de la veille), que le soleil commençait à décliner, que cela signifiait normalement « A table ! » en langage de requin, que nous étions seuls et loin de tout, et que merde, c’était un sacrément gros prédateur ! Nous sommes donc rentrés.





Par la suite, sains et saufs sur la terre ferme, nous avons assisté à un défilé de kangourous assez spectaculaire. Ils étaient partout, tout le temps, et nous avons failli en taper quelques uns en roulant, nous causant de sacrées frayeurs. C’est simple, j’en ai compté trente sur 5 kilomètres, et je ne pense pas les avoir tous vu… Le soir, alors que nous squattions de manière éhontée un camping, certains sautillaient jusque dans les toilettes, allez savoir pourquoi ! Nous avons même sympathisé avec l’un d’entre eux, peu farouche, qu’Audrey a bizarrement surnommé Maurice. Oui, je sais, c’est ridicule pour une bête sauvage, mais il faut dire que le pauvre vieux était aveugle, à moitié sourd, et balafré de partout. J’ai même failli le surprendre, par derrière, mais je me suis vite carapaté, car ces animaux ont quand même des griffes bien acérées… On venait d’échapper à un requin, autant éviter de s’en prendre une par un kangourou !











Nous avons également vu des émeus. Plein. Enfin. Ne me demandez pas pourquoi, mais je me suis pris d’affection pour ces grosses autruches toutes moches. C’est vrai quoi ! C’est le seul oiseau incapable de voler… C’est triste. Même une poule les met à l’amende. Donc je suis devenu pote avec Jean-Charles. Cette fois, c’est moi qui l’ai baptisé, et il faut avouer que ça pète comme nom, non ? (Plus que Maurice en tous cas) Bref. Voilà pour Exmouth.






Coral Bay




En dessous d’Exmouth, pas très loin du Tropique du Capricorne, se situe Coral Bay. C’est très beau. Mais c’est ballot, je n’ai pas de photos. Il faut dire que nous ne nous y sommes pas attardés non plus (c’est chiant le français, hein ?). En fait, nous y avons juste nagé. Les fonds y sont magnifiques, très différents des précédents mentionnés, avec une majorité de coraux dentelés, de roses des sables, et de fleurs sous marines. Nous avons également suivi une tortue pendant plus d’une demi-heure avec Samia, avant qu’elle ne s’éloigne trop et que le froid commence à se faire ressentir. Cela dit, nous en avons bien profité. Petite dédicace à Chris, alias Onsept : Je l’ai fait ! Je me suis accroché à elle pendant un temps, avant qu’elle ne s’enfuie en m’arrachant les doigts ! C’était génial ! J’ai encore les marques ! Après quoi nous sommes allés à...








Shark Bay (et Monkey Mia)


A quelques kilomètres de Denham et du parc national François Peron (?), située également au bout d’une péninsule escarpée, Monkey Mia doit sa réputation a son emplacement géographique privilégié, à l’embouchure de la redoutable Shark Bay (rien à voir avec des singes donc…). Celle-ci porte bien son nom, puisque de nombreuses variétés de requins hantent ses eaux bleues. C’est pourquoi des touristes viennent du monde entier, dans l’espoir de plonger en compagnie de ces féroces prédateurs, de les entrapercevoir depuis la plage, ou, pour les plus téméraires, de faire la planche après s’être sectionné les tendons. Mais ce n’est pas la seule attraction, ni la seule espèce recherchée. En effet, l’atout majeur de ces lieux réside en fait dans une colonie relativement importante de dauphins. Et pas n’importe lesquels, hein ? Non, des dauphins à gros nez ! Je vous jure, c’est comme ça qu’on les appelle…




Ce qui est dommage, c’est que les humains aient transformé ces gentils mammifères marins en une grosse usine à fric. Je m’explique. Depuis de nombreuses années déjà, ils appâtent les dauphins avec des poissons, et les nourrissent tous les matins devant une foule grossissante, moyennant une entrée bien salée. Autant vous dire qu’après avoir passé une nuit dans le bush, cachés dans les dunes, nous avons esquivé le péage en passant par la plage et avons donc assisté gratuitement à la présentation des animaux et à leur repas. C’était un brin décevant, tant il y avait de monde, mais nous en avons appris énormément sur cette espèce fascinante. Notamment que quand ils roulent sur le côté en vous présentant leur nageoire latérale et en vous regardant d’un œil humide, cela veut à peu près dire : « Siou plaît, gentillesse, donnez-moi poisson j’ai pas di travail… Alors aboule vite la poiscaille ou je te drague vers les grands fonds pour voir mon pote le Kraken… ». En gros. De plus, Samia a été sélectionnée par le poissonnier local pour nourrir l’un des cétacés, donc elle n’arrêtait pas de se la péter.







Ce fut nettement plus intéressant dans l’après midi, tandis que les gens avaient déserté la plage à cause de la chaleur, et que les dauphins se rapprochèrent d’eux même, en bande. Nous en avons compté onze, et même s’ils espéraient encore qu’on les nourrisse, par la force de l’habitude, j’ai trouvé qu’ils se comportaient beaucoup plus naturellement que le matin, en compagnie des « experts ». C’était merveilleux. Nous les vîmes d’abord de loin, par groupes de deux ou trois, puis de plus en plus près, jusqu’à presque pouvoir les toucher. Parfois, alors qu’ils devaient tranquillement pêcher sans rien demander 
à personne, des mouettes les attaquaient en piqué pour leur chourer leurs prises. Les garces ! Cette journée fut également l’occasion pour nous de revoir, de loin, tortues, raies, et même des dugongs, juste sous la surface des flots agités. Et je ne parle pas des pélicans. Peu farouches, ils se laissaient approcher avant de s’éloigner en se dandinant, et de galérer à décoller en agitant maladroitement leurs pattes courtaudes.

















Suite à quoi nous avons craqué, avec Samia, en allant voir un centre aquatique, muni de moult aquariums remplis des poissons exotiques que l’on trouve dans la région, ainsi que d’un bassin bourré ras la gueule de requins. Le plus gros, un requin citron, atteignait 2m80, et pesait pas moins de 100 kilos. Les autres, plus petits, étaient en majorité des requins de récifs gris, à pointes noires ou blanches, et même un requin nourrice si j’ai bien compris ce que le mec baragouinait. Le point d’orgue de la visite fut bien entendu la « curée », durant laquelle le type agitait nerveusement un pauvre petit rouget à demi dévoré déjà, excitant à mort les squales sans pour autant les nourrir… Ils sont sadiques ces australiens ! Ou complètement cons au choix… Bref, on a joué les touristes, et on a adoré ça !










Nous en avons aussi profité pour nous rendre aux nombreux points de vue ou d’activités du parc, et sommes tombés sur des endroits assez sympas. Comme Shell Beach, une immense plage blanche dépourvue de sable… mais recouverte de petits coquillages laiteux. Ou encore la piscine de Stromatolites, ces organismes monocellulaires à l’origine de la vie sur Terre, de par leur production d’oxygène. Intéressant uniquement d’un point de vue scientifique. C’est joli, certes, mais on s’y fait chier quand même. J’ajouterais volontiers les falaises de roche de sable, sublimes, mais il s’avère que l’on en a vu des bien plus belles et impressionnantes plus tard sur la route. Je terminerai donc par le complexe d’une ancienne moutonnerie, perdu dans le bush et disposant d’une source d’eau chaude (avec piscine s’il vous plaît), des vieux bâtiments décrépis et d’un observatoire, où j’ai pu voir de nouveau des émeus, quantité de lapins, et même un chat sauvage, ressemblant fort aux nôtres, mais deux fois plus gros, et trois fois plus effrayant…




  




Je sais, ça commence à faire long, mais laissez-moi terminer cet article en vous parlant du superbe parc…


Kalbarri


Deux cent bornes plus au sud, le parc Kalbarri nous a offert de belles ballades, même si ses dirt roads ont failli avoir raison de notre Mushi (notamment un trou qui nous a fait rebondir d’un bon mètre). Découpant le paysage uniforme de brousse et de savane que nous rencontrons depuis que nous avons quitté le nord, de nombreuses rivières circulent en ces lieux, et ont lacéré la terre et la roche pour mieux s’écouler, créant des gorges somptueuses. Je vous passerai les détails sur la chaleur y régnant (jusqu’à 50°), la fragilité du sol, qui a failli se dérober sous mes pieds à plusieurs reprises, ou sur les mouches, toujours plus nombreuses (à tel point que Samia se camouflait sous une moustiquaire entière et que j’ai du ressortir mon cheich africain), et vais vous laisser admirer ces paysages grandioses pendant que je vais pisser.





 





C’est beau, hein ? Et encore, nous ne les avons pas toutes visité, de peur de devoir poursuivre à pied. Quoi qu’il en soit, nous y avons vraiment passé du bon temps, après quoi nous nous sommes baignés dans les eaux de plus en plus froides de l’Océan Indien, et reposés sur de belles plages de sable blanc. Enfin, nous nous sommes calés au sommet de spectaculaires falaises de roche de sable, que l’érosion a creusé des millénaires durant, sculptant d’improbables formes cataclysmiques, et avons savouré la vue d’un ballet de baleines au coucher du soleil. C’était… irréel… grandiose… encore une fois, magique. C’est dans ces moments là que l’on apprécie plus que tout la vie itinérante, les surprises du voyage, et les plaisirs simples. Il suffit juste qu’une baleine joue à deux cents mètres de là, tentant de rattraper le soleil, et l’on retrouve son âme et son émerveillement d’enfant.




 







J’espère que ce compte-rendu, bien que long et tardif, vous a plu, voire vous à donné envie de partir à la découverte de ce beau pays. En tous cas, ce n’est pas fini ! Laissez-moi trouver mes marques, maintenant que nous sommes arrivés à Fremantle, près de Perth, et je vous régalerai de nouvelles photos incroyables. D'ailleurs, en parlant de photos, je voudrais adresser un grand merci à Paul et Audrey, ainsi qu'à Google Images (éternellement), pour toutes les photos que je n'ai pas pris. A tout bientôt donc !