samedi 23 février 2013

4000 Islands



Voilà une semaine que nous sommes revenus au Laos, et nous l'avons mis à profit pour visiter les fameuses 4000 îles. Bon, calmez tout de suite vos ardeurs, il n'y en a pas réellement quatre mille, et nous ne les avons pas toutes visitées, mais bon... En fait, on dénombre une douzaine d'îles véritables, dont trois seulement sont habitables, mais des centaines d'îlots plus ou moins gros affleurent hors de l'eau, donnant l'illusion de se trouver au milieu d'un archipel infini, surtout à cette époque de l'année, où le Mekong est au plus bas.










Quoiqu'il en soit, nous avons opté pour l'île la plus touristique, Don Dèt, qui voit arriver et partir chaque jour plus d'une centaine de voyageurs, raison pour laquelle tous les îliens se sont mis à construire des guest-houses un peu partout. C'est assez surprenant au début, mais on finit par ne plus s'apercevoir de rien, une fois que l'on a trouvé son propre bungalow et que l'on regarde le fleuve s'écouler depuis son hamac. C'est en gros ce que nous avons fait six jours durant, passant de balcons en terrasses, et de terrasses en restos, alternant contemplation béate de la vie locale, parties de cartes alcoolisées, et discussions enflammées avec d'autres routards.




 








   




Vous l'aurez compris, l'ambiance générale est plutôt à la détente, voire carrément "roots". Et même si les habitants refusent de transformer leur petit paradis en nouveau Vang Vieng (qui s'est vu considérablement moins fréquenté suite aux nombreux morts et autres accidentés bourrés), tout est étudié pour nous pousser, nous, pauvres pécheurs, à la consommation. Bouffe alléchante, bières et cocktails à tous les coins de rue, même la consommation de marie-jeanne est tolérée, voire encouragée, tous les restos proposant des "happy shakes" ou des space cakes dans leurs menus. Bref, c'est un peu l'orgie! Surtout que les touristes les plus nombreux sont bien évidemment des australiens et des américains, et qu'ils viennent généralement en bande pour se torcher la gueule. Chaleur...


 




Fort heureusement, nous n'avons pas fait que ça! Cela aurait été un peu rébarbatif. Alors nous avons exploré l'île, pas bien grande, d'abord à pied, puis à vélo. Mais notre activité favorite fut tout de même le "tubing". Ici, pas besoin de se faire tirer par un bateau, le courant est assez important pour dériver au moins deux heures durant, du moins avant que le fleuve se transforme en monstrueux rapides. C'était assez plaisant, mais nous avons appris la veille du départ que les eaux environnantes recelaient quelques pythons aquatiques de bonne longueur, ainsi que de plus en plus de piranhas, qui apparemment se complaisent à croquer les orteils des marins d'eau douce en bouée qui pullulent tout autour de l'île. 









Quant aux rapides, ma foi, ils sont assez impressionnants! On y accède sur l'île voisine de Don Kon, après s'être acquittés d'une "taxe pour le développement", et le déplacement vaut largement le détour. Des centaines d'affluents se rejoignent dans un étroit goulet, après avoir contourner la multitude d'îles en amont, et forment ainsi un torrent puissant et rageur qui bondit de palier en palier avant de se calmer en contrebas, et de suivre son lit séculaire, encadré de falaises déchiquetées, avec en fond les montagnes cambodgiennes. C'est tout simplement magnifique, et il m'a été donné de pouvoir me baigner dans une petite crique en aval, dans ce somptueux décor, pendant que Samia se tournait les pouces parce qu'elle avait oublié son maillot de bain... Ah ah ah (rire machiavélique)















Toutes les bonnes choses ayant une fin, nous avons quitté ce petit paradis pour nous rendre plus au nord, à Paksé, où toutes les guest-houses affichaient complet. Après trois heures à silloner la ville afin de trouver un lit pour la nuit, prêts à sortir les hamacs et nous poser à l'arrache quelque part, nous avons fini par être pris en pitié par un hôtelier, qui nous a refilé une chambre de son staff, que nous avons accepté de partager avec une indienne dans la même galère que nous. Demain sera un autre jour, et nous avons prévu de nous rendre sur le Plateau des Boloven faire quelques balades en moto. Donc d'ici là, je vous salue bien bas!




lundi 18 février 2013

Kompong Cham et Kratie


Je dois bien avouer que malgré un début particulièrement prometteur, le Cambodge s’est révélé, tout comme ses proches voisins, ravagé par le tourisme de masse, et sa population qui en vit et côtoie au quotidien les étrangers n’est pas épargnée… Loin de moi l’idée de noircir le tableau, mais le pays est rongé par la corruption à un point que nous ne pouvions imaginer. Tous les corps de métier sont touchés, et l’on passe notre temps à tenter d’éviter les arnaques, plus ou moins grosses, qui nous sont tendues chaque jour. Mais j’y reviendrai plus tard. Tout d’abord, je voulais vous parler de cette dernière semaine que nous avons passé au bord du Mékong, dans les petites villes de Kompong Cham et Kratie.





Kompong Cham ne présente pas d’attraits particuliers en soi. Ce n’est pas ce que l’on peut appeler une « jolie » ville. Néanmoins, nous y avons passé du bon temps, sûrement parce que nous avons loué un scooter et sommes partis explorer les alentours, avec ce sentiment de liberté extrême que seul confère un deux-roues à l’étranger. Nous avons ainsi pu parcourir les distances, assez grandes, qui nous séparaient des trois îles proches, accessibles par de longs ponts de bambous branlants lors de la saison sèche, lorsque le Mékong est au plus bas. Ici comme ailleurs, l’accueil varie de village en village, et l’on peut aussi bien être reçus par de grands sourires bienveillants que par des regards obliques et méprisants. C’est assez particulier, mais c’est une conséquence directe de l’affluence touristique, et l’on ne peut décidément pas les en blâmer.










Nous sommes également allés visiter les temples des deux collines dites « des hommes » et « des femmes », véritables fourre-tout architecturaux agrémentés de centaines de statues plus colorées les unes que les autres, et abritant une assez grande colonie de gibbons joyeux et affamés de bananes. Afin de gagner une colline relativement éloignée, et peu désireux de repasser par la ville, j’ai embarqué Samia dans un périple assez rude à travers champs, pour couper au plus court, ce qui nous a valu de belles frayeurs et la crainte de tomber en rade au milieu de nulle part. Mais mon obstination aura porté ses fruits, et nous avons pu rejoindre la voie principale, non sans éviter de nous faire encorner par deux vaches, ayant décidées de se charger à moins d’un mètre de nous ! Heureusement, notre destination finale valait le détour, offrant à nos yeux émerveillés le spectacle ravissant du fleuve parsemé d’îles dans les couleurs mordorées du soir tombant… (oui, je sais, c’est beau)




 



  




















Peut-être avons-nous aussi apprécié ce séjour grâce à la rencontre de sympathiques voyageurs tels que Nooshin, jeune néerlandaise d’origine iranienne, ou Kiam le cycliste, avec qui j’aurais contemplé un sublime coucher de soleil du haut d’un phare, sur l’autre rive du fleuve, ou encore Kevin et Solane, ou Agathe et Mathieu, tous plus cool les uns que les autres. Nous aurons également revu Benoît, l’éternel et facétieux Benoît, rencontré à Kampot, avec qui j’ai roulé toute une journée durant, sur les deux rives en amont du Mékong, bouffant de la poussière sur les pistes défoncées, mais traversant des endroits d’une sérénité absolue. Petite anecdote, nous nous sommes arrêtés un temps afin de nous rafraîchir et avons ainsi rencontré Pierre, 63 ans, et sa fille Virginie, qui parcourent le Cambodge à vélo pendant un mois et demi, sous 40° et plus!!!


















Le gros bémol aura été tout de même, la veille de notre départ, une mémorable chute en scooter… Un chiot s’est littéralement jeté sous nos roues, et j’ai pris le parti, à tort ou à raison (?), de ne pas l’écraser, ce qui nous a valu une belle éraflure sur le pied de Samia, et une grande partie de mon flanc gauche complètement râpée. Plus de peur que de mal au final, qui s’est traduite par un sacré choc vagal, mais on ne m’y reprendra plus ! Je me suis promis de faire bien plus attention dorénavant, et de faire du méchoui de chien plutôt que de me casser de nouveau la gueule… Nous avons tout de même été très agréablement surpris par la sollicitude des villageois, notamment des grand-mères, qui insistaient pour nous soigner à l’aide de « baume du tigre »…




Kratie non plus ne présente rien d’exceptionnel, d’autant plus que nous étions fatigués des multiples entourloupes en y arrivant. Nous nous y sommes donc arrêtés trois jours, le temps d’attendre qu’un bus se libère pour remonter vers le Laos, de regarder de somptueux couchers de soleils, ou de boire des bières en compagnie de Céline, une canadienne trappeuse qui n’a peur de rien, et  bien décidée à voyager seule trois ans durant. C’est ici que nous avons appris les dernières nouvelles sordides du pays. A savoir qu’une jeune française a été retrouvée morte assassinée, sûrement après avoir été violée, à Kampot, l’endroit même où nous nous étions sentis si bien ! De même, un américain, après s’être fait voler sa tablette numérique en pleine rue à Phnom Penh, s’est fait dérober son I-Pod et son argent dans le dortoir où j’avais refusé de me rendre, probablement par le type de la guest-house à qui nous avions refusé d’acheter des billets de bus… Sans parler des dénégations de cet hôtelier, qui a gardé pour lui les 2000 euros que cette crétine de touriste lui avait confié sans demander de reçu… Bref, nous en avons eu un peu ras-le-bol, vous le comprendrez !


  



Nous sommes donc partis avant-hier pour la frontière, où nous avons réussi à ne pas payer les bakchichs demandés par les douaniers pour apposer leurs tampons d’entrée et de sortie de territoire, véritable racket organisé, connu de tous, mais dans lequel les touristes plongent la tête la première, préférant payer plutôt que de faire valoir leurs droits… C’est simple, sur une cinquantaine de personnes, nous sommes quatre à ne pas avoir raquer ! Tout ça pour arriver de nuit à Nakasang, et être obligé d’acheter le passage en bateau le double du prix pour pouvoir accéder à l’île de Don Dèt ! Bref, nous voici donc au Laos, de nouveau, où nous comptons bien nous complaire pleinement dans le farniente le plus total… Vous aurez un compte-rendu détaillé d’ici une semaine je pense. D’ici là, prenez soin de vous !