vendredi 27 septembre 2013

Litchfield Park




Enfin ! Nous avons quitté Darwin ! Depuis le temps que nous en rêvions… Paradoxalement, cela n’a pas été sans peine, tant nous nous sommes habitués à cette ville, nous construisant au fur et à mesure nos petites habitudes, et tant les personnes que nous avons laissé derrière nous nous sont devenues chères.



Mais bon, nous avons bien marqué le coup, outrepassant le blues du départ en passant nos dernières soirées avec Colas, Anne et Sylvain, Lulu et Romain, Deborah, ainsi que Paul et Audrey, rejoints sur la fin par un de leur pote, Ludo. Pour l’occasion, Colas s’est même fait raser les bouclettes par Sylvain, qui lui a laissé un petit souvenir à l’arrière du crâne. Quant à moi, j’ai laissé la trace de mon passage à East Point, en suspendant mes chaussures de travail complètement défoncées (désolé Mika), aux fils électriques du parking où nous aurons squatté tant de temps. Nous sommes également allés nous baigner de nuit dans le Lac Alexander, afin de vérifier la présence de plancton phosphorescent dans son eau vaseuse. C’était magique ! Nous créions par nos mouvements des myriades de nébuleuses scintillantes dans l’obscurité aquatique. Enfin, nous avons apporté quelques menues réparations à notre petit Muchi, qui en avait bien besoin, et j’ai du pour ce faire procéder à ma toute première vidange maison. Je vous laisse imaginer le sketch… Quoi qu’il en soit, notre engin pète dorénavant le feu, et c’est donc serein que nous nous sommes réellement lancés à la découverte du continent australien, en commençant par le Litchfield Park.















Dans un décor de savane africaine, la plupart du temps brûlé par les feux de brousse communs en cette période de l’année, le parc s’étend sur des milliers d’hectares, et dispose d’un large panel de panoramas plus grandioses les uns que les autres. Notre arrivée fut tout de suite saluée par une pluie tropicale aussi soudaine que violente  _ de même que notre départ, trois jours plus tard _ mais fort heureusement, le temps redevint clément durant tout notre séjour en ces lieux. C’est donc sous un soleil brûlant, agrémenté ça et là de quelques nuages, que nous avons exploré les merveilles de Litchfield. Tout d’abord, nous nous sommes arrêtés dans un champ de termitières dites « magnétiques », ainsi que de cathédrales immenses. C’est impressionnant, on dirait presque un gigantesque champ de menhirs, sauf que ses monuments ont été construits par des êtres minuscules. Après quoi nous nous sommes rendus aux Tolmer Falls, où une courte randonnée mène en premier lieu au sommet de la cascade, dans une gorge étroite s’ouvrant tour à tour sur une caldera et sur un pont de pierre naturel, avant de plonger de manière vertigineuse dans un bassin encaissé, quelques soixante mètres plus bas. Des grottes obscures percent les falaises telles d’immenses bouches béantes, où vivent des nuées de chauve-souris. La baignade était interdite, et ce n’est pas plus mal, car je me serais sûrement tué à vouloir plonger du sommet.












Viennent ensuite les Florence Falls, où nous avons passé la première nuit, réveillés de temps à autres par les jappements des dingos sauvages. La cascade est certes simple, mais demeure un endroit privilégié par de nombreux locaux pour ses multiples sauts et la profondeur de son bassin. Nous y sommes resté longtemps, profitant un maximum du rafraîchissement qu’elle nous procurait en ces heures chaudes. Non loin de là, accessibles par une promenade longeant le lit de la rivière, se trouvent les Buley Rockholes ; une succession de bassins en étages, reliés entre eux par des toboggans naturels. Là aussi, les australiens et autres voyageurs se bousculent pour s’accaparer le meilleur emplacement possible, néanmoins l’affluence ne gâche en rien la beauté des lieux, et le grand jeu consiste à asperger le plus de monde possible dans chaque bassin qui se présente.

 

 

 

 
  


Puis nous nous sommes arrêtés un temps aux Wangi Falls, disposant d’un « camping » où nous avons pu prendre des douches chaudes (un luxe !). Normalement payant, nous y sommes restés deux nuits sans que personne ne vienne nous réclamer quoi que ce soit. Elle est pas belle, la vie ? Quant aux chutes, deux cascades coulent paresseusement en filets dans un énorme bassin d’une profondeur insondable, ceinturé à son tour par une jungle étouffante. Un chemin permet de grimper la falaise et d’accéder au sommet du plateau, d’où l’on peut voir la forêt en contrebas. C’est somptueux, et nous sommes restés un long moment en contemplation devant ce paysage époustouflant, avant de batifoler des heures durant dans cette grosse piscine naturelle.



 


 



C’est également là que nous avons vu le plus d’animaux : Des centaines de kakatoès à crête jaune piaillant de concert à l’approche des rapaces, des perroquets multicolores, voletant comme des hirondelles, des kookabooras, hurlant dans la nuit de leurs multiples cris moqueurs, des aigles à tête blanche, des dizaines de wallabies, dont des mères portant leur petit dans leur poche ventrale, d’énormes araignées « Golden Obe », Régis, un lézard géant, un serpent marron arboricole, un crapaud buffle mort, des milliers de papillons, et même une famille de phacochères, dont les parents sont venus près du van, en pleine nuit, pour tenter de manger nos poubelles… Un tel environnement pourrait paraître particulièrement rébarbatif, voire carrément hostile, mais le seul fait de se retrouver en pleine nature nous a empli d’une félicité sans nom. Le must eut lieu lorsque nous avons quitté le camping, et qu’un aigle majestueux de grande envergure décolla du fossé bordant la route pour voler à nos cotés sur une trentaine de mètres. Bon j’étais en train de conduire, donc je n’ai pas pu le prendre en photo, mais il était vraiment majestueux… et de grande envergure… l’aigle.



 













Beaucoup de routes du parc ne sont empruntables que par des 4x4, ce qui est bien dommage, car nous aurions aimé en faire plus, mais nous avons du terminer notre boucle par les cascades de Walker Creek, au demeurant splendides. Une ballade de 3,5 kilomètres vous fait gravir une colline en suivant la rivière, et traverser des emplacements de camping sauvage dans les criques les plus belles. C’est magnifique, et nous nous arrêtions presque systématiquement pour faire trempette, et nous rafraîchir dans une eau cristalline. Un peu plus loin, l’accès à un site sacré aborigène vous fait plonger au cœur d’une jungle luxuriante, avant de déboucher au sommet sur un large lit de pierre en escaliers, alors presque à sec. Je n’ose imaginer la magnificence de ces lieux lors de la « wet season », lorsque des trombes d’eau rugissantes dévalent ces terrasses naturelles, avant de s’engouffrer dans la gueule de la forêt vorace. Mais assez de licences poétiques ! Le père Fourasse me dirait sûrement : « Tu t’égares, étranger, tu t’égares… » de sa voix chevrotante ; et il aurait bien raison, puisque me voici en train de digresser sur les hypothétiques remontrances d’un vieux sage hautement douteux…























 


Pour conclure, donc, je dirais que le Litchfield Park est à visiter absolument par quiconque envisagerait de se rendre au nord de l’Australie. Cela vaut vraiment le coup, et j’espère avoir réussi à vous donner un peu envie, en sadique immoral que je suis. Le prochain article devrait suivre sous peu, car nous voici désormais à Katherine, un peu plus au sud, et les environs de la ville regorgent d’activités hautes en couleur, et de sites grandioses à explorer. A très bientôt donc ! Et d’ici là, sortez couverts !