Aaaah…
Dharamasala ! Perchée à 1800 mètres d’altitude, sur les contreforts
himalayens, Dharamsala est un véritable havre de paix comparée aux autres villes
indiennes. En fait, plus encore qu’à Chandigagh, on a l’impression d’avoir
quitté l’Inde pour découvrir ce que les Tibétains appellent eux-mêmes « Petit Lhassa ». Autour de la résidence de « Sa Sainteté » Tenzin
Gyatso, l’actuel et 14ème Dalaï Lama, plus de 15 000 réfugiés
réorganisent leur vie, cherchant à sauvegarder leur identité culturelle et leur
religion. On y trouve également les bureaux de l’administration tibétaine,
autrement dit le siège du gouvernement provisoire du Tibet, en place depuis
1960, lorsque Nehru leur offrit l’asile politique.
La
ville se divise en trois parties. Lower
Dharamsala, présentant peu d’intérêt touristique et possédant encore une
population très indienne, Mc Leod Ganj,
abritant la résidence du Dalaï Lama, les principaux monastères et le gros des
activités locales (de nombreux occidentaux viennent ici pour apprendre la
langue, la médecine ou la musique tibétaines), et enfin, dans une petite vallée
contigüe, Bhagsu et Dharamkhot, petits villages plus roots,
disposant d’une cascade, d’agences de trek et même d’une école de
parapente ! Etant arrivés de nuit, nous avons bien galéré pour trouver une
guest house peu onéreuse et bien située, mais nous avons fini par jeter notre
dévolu sur une jolie chambre, dans un hôtel surplombant Mc Leod Ganj, et
jouissant d’une vue magnifique sur les montagnes alentours.
Franchement,
bien qu’ayant adoré Hampi, le Kérala, Goa ou Udaïpur, je pense pouvoir dire que
Dharamsala représente notre coup de cœur ultime. Peut-être est-ce dû au fait
qu’Indiens comme Tibétains sourient tout le temps, et ne nous dévisagent pas
comme si nous étions des lépreux ou que Samia était à vendre. Peut-être est-ce
seulement la beauté du panorama, avec en toile de fond la chaîne de Dhanla Dar
(dont les cimes enneigées culminent à 5792 mètres), qui nous procure cette
bouffée d’air frais dont nous avions tant besoin. Ou tout simplement est-ce
l’atmosphère chaleureuse, zen et bon enfant dégagée par la présence des
nombreux moines bouddhistes, en toges rouges et oranges, Columbias aux pieds et
I-Phones en mains… Quoi qu’il en soit, nous nous prélassons dans cet endroit
d’une spiritualité certaine, appréciant la conversation de papys ridés et
joviaux ou les bons petits plats des nombreux restos tenus par des jeunes
branchés.
Samia se met au Bouddhisme |
Six
jours durant, nous nous sommes baladés dans les environs, visitant les temples
Namgyal (il faut tourner autour dans le sens des aiguilles d’une montre, et
faire tourner des moulins à prière colorés et cylindriques en récitant des mantras),
découvrant au fond des bois le Centre de Méditation Tushita, l’église
néo-gothique St John et son cimetière chrétien, ou encore le TIPA (Tibetan
Institute of Performing Arts), dont la troupe de Lhamo (opéra tibétain) se produit dans le monde entier. Nous
n’avons pas vu de représentation lors de notre séjour, mais avons assisté aux
répétitions, les jeunes artistes nous régalant les yeux et les oreilles de
leurs danses et de leurs chants sublimes et complexes. Malheureusement, comme
pour beaucoup d’autres sujets passionnants, nous n’avons pas osé les déranger
en les filmant ou les photographiant. C’est très paradoxal, car autant le sans
gêne des indiens nous fournit le prétexte de le faire, autant la quiétude des
tibétains nous donne des scrupules, alors que leurs sourires sont nettement
plus engageants…
Dans
un autre registre, l’un des éléments marquants de la ville est étrangement la
faune animale. Comme dans le reste du pays, on y trouve des vaches sacrées,
mais ici, les gens les caressent et les nourrissent ! Même chose pour les
chiens, très nombreux, errants ou non, ils sont mieux considérés qu’ailleurs,
et il n’est pas rare de voir des passants avec des chiots tout mignons dans les
bras. Le seul inconvénient, c’est le soir. Il suffit qu’un seul clébard se
mette à gueuler, tous les autres s’y mettent, et l’écho des montagnes les
pousse souvent à ne pas la boucler de toute la nuit, fracassant la sérénité du
lieu. Tout comme les singes, innombrables, qui jouent ou se battent sur les
toits en tôle des immeubles, voire même (et ça vient de se passer juste à
l’instant, ah ah) qui tentent de rentrer dans la piaule. Le ciel, lui, est
rempli de rapaces tels que faucons, buses, parfois des aigles, ou encore de
curieux oiseaux tout verts, ressemblant à s’y méprendre à des perroquets mais
aux ailes effilées comme celles des hirondelles. Ajoutez à cela quelques voiles
de parapente, et nous obtenons un splendide ballet aérien qui ne cesse que la
nuit tombée.
Hier,
afin de ne pas repartir sans avoir fait de réelle randonnée, je me suis lancé en
solitaire à la conquête du sommet le plus proche, pour jouir de la vue sur les
montagnes avoisinantes. Hé hé, c’était sans compter la topographie des lieux,
et le manque de balises! Après avoir suivi un temps un chemin digne de ce nom,
je me suis égaré sur des sentiers de chèvres et me suis retrouvé confronté à
une série d’embûches non négligeables. Pour atteindre la crête que je visais,
je me voyais obligé de redescendre un vallon abrupt, et le
seul « itinéraire » que j’ai trouvé traversait trois
escarpements rocheux, très larges et vertigineusement à pic. A partir de là,
mon expédition s’est vite transformée en épisode de « Man Versus
Wild ». J’ai dû rebrousser chemin à plusieurs reprises, et je ne connais
rien de plus terrible, dans quelque discipline sportive que ce soit, que de
renoncer aux petites victoires âprement remportées. Ainsi, après avoir descendu
le plus précautionneusement du monde une gorge étroite, je me suis vu bloqué
par un ravin monstrueux, et ai dû faire demi-tour, escaladant ce que je venais
de parcourir, suant à grosses gouttes et perdant un temps précieux. De la même
manière, je me suis retrouvé obligé d’emprunter un goulet d’éboulement, couvert
d’ardoise cassante et de terre friable, glissant, m’écorchant et m’agrippant
aux moindres racines, lianes ou bottes d’herbe que je pouvais trouver. Cela m’a
valu quelques bleus, quelques griffures, et de grosses frayeurs, mais j’ai
finalement réussi à traverser les différents obstacles, pour m’apercevoir que
ce que j’avais vu de mon point de départ avait été faussé par une mauvaise
perspective, et qu’il me restait bien plus de distance à parcourir que
prévu ! Le soleil commençant à décliner sérieusement (après cinq heures de
marche et de combat), je me suis reposé au beau milieu d’un cours d’eau, sur
les rochers, et suis redescendu tranquillement vers la cascade de Bhagsu, que
j’aurai pu rejoindre par la route… en trente minutes… Je ne vous raconte pas
l’air incrédule et effaré des gens que j’ai croisé alors, couvert de terre et
d’écorchures que j’étais, qui ne comprenaient pas du tout d’où je pouvais
débarquer ! Loin de considérer l’aventure comme un fiasco, je suis très
content et fier du parcours enduré, et si je n’avais pas été perclus de
courbatures aujourd’hui, je pense que j’aurais remis ça !
Notre
séjour à Dharamsala s’achève, mais il est probable que nous revenions un jour,
ne serait-ce que pour revoir les sourires de ce peuple exilé, ayant enduré
l’horreur mais ne se départissant pas d’une certaine joie de vivre. Leur cause
m’inspire. Elle m’a toujours inspiré, mais ces quelques jours passés en leur
compagnie m’ont redonné conscience de beaucoup de choses. Samia aussi, qui
s’est mise à dévorer « Le Bouddhisme pour les Nuls », et y trouve un
intérêt grandissant. Nous repartons demain pour la dernière ligne droite de ce
périple en Inde, et allons replonger à contrecœur dans la jungle de ses villes
étouffantes. En dix jours, nous allons traverser d’ouest en est le pays, et
visiter les villes les plus touristiques du nord, à savoir Delhi, Agra et
Bénarès, avant de rejoindre Calcutta pour prendre notre avion à destination de
la Thaïlande. Haut les cœurs! Hardis ! Taïaut ! Bref, en deux
mots : A bientôt !
FREEDOM FOR TIBET |
Pour la 1ère fois je vous envie.
RépondreSupprimerOm Mani Padme Hum
Ah bon, t'es plus dans le délire Hare Krishna que Bollywood? Tu préfères les petits moines rasés aux gros indiens moustachus? Ça m'étonne... ;)
RépondreSupprimerAh ah ah !!!!
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