mercredi 17 octobre 2012

Dharamsala




Aaaah… Dharamasala ! Perchée à 1800 mètres d’altitude, sur les contreforts himalayens, Dharamsala est un véritable havre de paix comparée aux autres villes indiennes. En fait, plus encore qu’à Chandigagh, on a l’impression d’avoir quitté l’Inde pour découvrir ce que les Tibétains appellent eux-mêmes « Petit Lhassa ». Autour de la résidence de « Sa Sainteté » Tenzin Gyatso, l’actuel et 14ème Dalaï Lama, plus de 15 000 réfugiés réorganisent leur vie, cherchant à sauvegarder leur identité culturelle et leur religion. On y trouve également les bureaux de l’administration tibétaine, autrement dit le siège du gouvernement provisoire du Tibet, en place depuis 1960, lorsque Nehru leur offrit l’asile politique.








La ville se divise en trois parties. Lower Dharamsala, présentant peu d’intérêt touristique et possédant encore une population très indienne, Mc Leod Ganj, abritant la résidence du Dalaï Lama, les principaux monastères et le gros des activités locales (de nombreux occidentaux viennent ici pour apprendre la langue, la médecine ou la musique tibétaines), et enfin, dans une petite vallée contigüe, Bhagsu et Dharamkhot, petits villages plus roots, disposant d’une cascade, d’agences de trek et même d’une école de parapente ! Etant arrivés de nuit, nous avons bien galéré pour trouver une guest house peu onéreuse et bien située, mais nous avons fini par jeter notre dévolu sur une jolie chambre, dans un hôtel surplombant Mc Leod Ganj, et jouissant d’une vue magnifique sur les montagnes alentours.











Franchement, bien qu’ayant adoré Hampi, le Kérala, Goa ou Udaïpur, je pense pouvoir dire que Dharamsala représente notre coup de cœur ultime. Peut-être est-ce dû au fait qu’Indiens comme Tibétains sourient tout le temps, et ne nous dévisagent pas comme si nous étions des lépreux ou que Samia était à vendre. Peut-être est-ce seulement la beauté du panorama, avec en toile de fond la chaîne de Dhanla Dar (dont les cimes enneigées culminent à 5792 mètres), qui nous procure cette bouffée d’air frais dont nous avions tant besoin. Ou tout simplement est-ce l’atmosphère chaleureuse, zen et bon enfant dégagée par la présence des nombreux moines bouddhistes, en toges rouges et oranges, Columbias aux pieds et I-Phones en mains… Quoi qu’il en soit, nous nous prélassons dans cet endroit d’une spiritualité certaine, appréciant la conversation de papys ridés et joviaux ou les bons petits plats des nombreux restos tenus par des jeunes branchés.









Samia se met au Bouddhisme


Six jours durant, nous nous sommes baladés dans les environs, visitant les temples Namgyal (il faut tourner autour dans le sens des aiguilles d’une montre, et faire tourner des moulins à prière colorés et cylindriques en récitant des mantras), découvrant au fond des bois le Centre de Méditation Tushita, l’église néo-gothique St John et son cimetière chrétien, ou encore le TIPA (Tibetan Institute of Performing Arts), dont la troupe de Lhamo (opéra tibétain) se produit dans le monde entier. Nous n’avons pas vu de représentation lors de notre séjour, mais avons assisté aux répétitions, les jeunes artistes nous régalant les yeux et les oreilles de leurs danses et de leurs chants sublimes et complexes. Malheureusement, comme pour beaucoup d’autres sujets passionnants, nous n’avons pas osé les déranger en les filmant ou les photographiant. C’est très paradoxal, car autant le sans gêne des indiens nous fournit le prétexte de le faire, autant la quiétude des tibétains nous donne des scrupules, alors que leurs sourires sont nettement plus engageants…












Dans un autre registre, l’un des éléments marquants de la ville est étrangement la faune animale. Comme dans le reste du pays, on y trouve des vaches sacrées, mais ici, les gens les caressent et les nourrissent ! Même chose pour les chiens, très nombreux, errants ou non, ils sont mieux considérés qu’ailleurs, et il n’est pas rare de voir des passants avec des chiots tout mignons dans les bras. Le seul inconvénient, c’est le soir. Il suffit qu’un seul clébard se mette à gueuler, tous les autres s’y mettent, et l’écho des montagnes les pousse souvent à ne pas la boucler de toute la nuit, fracassant la sérénité du lieu. Tout comme les singes, innombrables, qui jouent ou se battent sur les toits en tôle des immeubles, voire même (et ça vient de se passer juste à l’instant, ah ah) qui tentent de rentrer dans la piaule. Le ciel, lui, est rempli de rapaces tels que faucons, buses, parfois des aigles, ou encore de curieux oiseaux tout verts, ressemblant à s’y méprendre à des perroquets mais aux ailes effilées comme celles des hirondelles. Ajoutez à cela quelques voiles de parapente, et nous obtenons un splendide ballet aérien qui ne cesse que la nuit tombée.











Hier, afin de ne pas repartir sans avoir fait de réelle randonnée, je me suis lancé en solitaire à la conquête du sommet le plus proche, pour jouir de la vue sur les montagnes avoisinantes. Hé hé, c’était sans compter la topographie des lieux, et le manque de balises! Après avoir suivi un temps un chemin digne de ce nom, je me suis égaré sur des sentiers de chèvres et me suis retrouvé confronté à une série d’embûches non négligeables. Pour atteindre la crête que je visais, je me voyais obligé de redescendre un vallon abrupt, et le seul « itinéraire » que j’ai trouvé traversait trois escarpements rocheux, très larges et vertigineusement à pic. A partir de là, mon expédition s’est vite transformée en épisode de « Man Versus Wild ». J’ai dû rebrousser chemin à plusieurs reprises, et je ne connais rien de plus terrible, dans quelque discipline sportive que ce soit, que de renoncer aux petites victoires âprement remportées. Ainsi, après avoir descendu le plus précautionneusement du monde une gorge étroite, je me suis vu bloqué par un ravin monstrueux, et ai dû faire demi-tour, escaladant ce que je venais de parcourir, suant à grosses gouttes et perdant un temps précieux. De la même manière, je me suis retrouvé obligé d’emprunter un goulet d’éboulement, couvert d’ardoise cassante et de terre friable, glissant, m’écorchant et m’agrippant aux moindres racines, lianes ou bottes d’herbe que je pouvais trouver. Cela m’a valu quelques bleus, quelques griffures, et de grosses frayeurs, mais j’ai finalement réussi à traverser les différents obstacles, pour m’apercevoir que ce que j’avais vu de mon point de départ avait été faussé par une mauvaise perspective, et qu’il me restait bien plus de distance à parcourir que prévu ! Le soleil commençant à décliner sérieusement (après cinq heures de marche et de combat), je me suis reposé au beau milieu d’un cours d’eau, sur les rochers, et suis redescendu tranquillement vers la cascade de Bhagsu, que j’aurai pu rejoindre par la route… en trente minutes… Je ne vous raconte pas l’air incrédule et effaré des gens que j’ai croisé alors, couvert de terre et d’écorchures que j’étais, qui ne comprenaient pas du tout d’où je pouvais débarquer ! Loin de considérer l’aventure comme un fiasco, je suis très content et fier du parcours enduré, et si je n’avais pas été perclus de courbatures aujourd’hui, je pense que j’aurais remis ça !











Notre séjour à Dharamsala s’achève, mais il est probable que nous revenions un jour, ne serait-ce que pour revoir les sourires de ce peuple exilé, ayant enduré l’horreur mais ne se départissant pas d’une certaine joie de vivre. Leur cause m’inspire. Elle m’a toujours inspiré, mais ces quelques jours passés en leur compagnie m’ont redonné conscience de beaucoup de choses. Samia aussi, qui s’est mise à dévorer « Le Bouddhisme pour les Nuls », et y trouve un intérêt grandissant. Nous repartons demain pour la dernière ligne droite de ce périple en Inde, et allons replonger à contrecœur dans la jungle de ses villes étouffantes. En dix jours, nous allons traverser d’ouest en est le pays, et visiter les villes les plus touristiques du nord, à savoir Delhi, Agra et Bénarès, avant de rejoindre Calcutta pour prendre notre avion à destination de la Thaïlande. Haut les cœurs! Hardis ! Taïaut ! Bref, en deux mots : A bientôt !





FREEDOM FOR TIBET

3 commentaires:

  1. Pour la 1ère fois je vous envie.
    Om Mani Padme Hum

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  2. Ah bon, t'es plus dans le délire Hare Krishna que Bollywood? Tu préfères les petits moines rasés aux gros indiens moustachus? Ça m'étonne... ;)

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