Bon bin cette fois non plus je ne vais
pas m’étendre… Je sais, j’ai dit ça pour Delhi et je n’ai pas pu m’empêcher de
tartiner, mais là, Agra, je ne vois pas trop ce que je peux en dire. Ok, d’accord,
je vais faire un petit effort, histoire de commenter les très nombreuses photos qu’à la demande générale (c’est-à-dire Marianne,
une fois de plus) je m’en vais poster de ce pas.
Agra vit le jour en 1526, grâce à l’empereur
Babur « Le Conquérant » (soi disant descendant de Gengis Khan). Mais c’est sous
le règne de son petit-fils Akbar, « Le Très Grand », que la ville
devint la capitale de l’empire Moghol durant deux siècles, avant de se faire
supplanter successivement par Fatehpur Sikri, Lahore, puis Delhi. Politicien
avisé et guerrier insatiable, Akbar entreprit des réformes révolutionnaires
pour l’époque et marqua le pays à jamais. On lui doit aussi bien l’ébauche de l’organisation
administrative provinciale de l’Inde, l’entente et le respect séculaire entre musulmans et
hindous, l’arrêt de la pratique du sati
(sacrifice rituel des veuves), que la construction du Fort Rouge. Bien plus
impressionnante et mieux préservée que celle de Delhi, cette énorme forteresse abrite
une enfilade de palais de marbre, de mosquées et de jardins, le tout ceint par
de formidables remparts de grès rouge. Le fort eut également son heure de
gloire durant la révolte des Cipayes, lorsqu’une garnison britannique résista
quatre mois, jusqu’à l’arrivée des renforts. Il est vraiment dommage que l’ensemble
du site ne soit pas accessible au public (25 % seulement), mais la visite nous
a tout de même pris deux bonnes heures, le temps pour nous d’imaginer le faste
de la cour impériale et la puissance de l’armée qui en gardait les murs.
L’histoire du Taj Mahal, elle, est bien
plus poétique, et dramatique ! Edifié de 1631 à 1653, ce monument parmi
les plus célèbres fut dédié à l’amour. Un amour que l’empereur Shah Jahan,
dernier « Grand Moghol », perdit en la personne de Mumtaz Mahal,
beauté légendaire, muse et compagne de tous les instants du souverain. Fou de
chagrin, il fit vœu de construire un monument à sa mémoire qui n’ait pas son
pareil au monde. Comme aucun architecte du royaume n’était capable de concevoir
un projet à la dimension de la douleur de l’empereur, celui-ci aurait convoqué
l’architecte perse le plus célèbre et aurait tué… sa fiancée. Comprenant alors la
terrible douleur du sultan (tu m’étonnes !), l’architecte fut capable d’imaginer
le Taj Mahal. La particularité de l’édifice, en dehors de sa magnificence,
réside dans le fait qu’il soit absolument symétrique par rapport à la tombe de
la reine. Une exception toutefois : la tombe de Shah Jahan lui-même. En
effet, peu désireux d’assumer les frais de construction du mausolée dont son
père avait entrepris l’édification de l’autre côté de la rivière Yamuna, en
face du Taj, Aurangzeb fit placer son cénotaphe à côté de celui de sa bien-aimée.
Bravo l’ingratitude ! D’autant plus que ce même fiston avait détrôné son
père en 1658, pour régner à sa place, et avait emprisonné le vieillard dans le
Fort Rouge, des fenêtres duquel ce dernier put contempler huit années durant le
tombeau de sa défunte épouse… Ah, cruauté, quand tu nous tiens !
Le Taj Mahal _ « cette larme
sur la joue du temps », de l’expression même du poète Rabindranath Tagore_
est d’une beauté époustouflante. La première vision que l’on en a, passé le
portail de grès qui en masque judicieusement la vue, paraît presque irréelle,
comme sortie d’un rêve… ou d’Aladin au choix. Que ce soient les jardins, les
fontaines, les bassins, les tours qui l’encerclent ou les deux édifices qui l’encadrent,
tout est étudié pour laisser un souvenir enchanté. Samia était aux anges. Pour
ma part, mon plaisir fut un peu gâché par une brume (de smog) persistante, qui enveloppait
l’ensemble du site et gênait la visibilité, par la présence des nombreux et bruyants
touristes qui prenait la pose un peu partout (2,5 millions de touristes par an
tout de même !), et par le tarif d’entrée, s’élevant à 750 roupies pour
les étrangers, contre 20 roupies pour les indiens (je vous laisse faire la
différence). Je sais, je devrais être habitué, mais non, je ne m’y fait pas, c’est
plus fort que moi ! D’autant plus que j’ai dû jeter mon paquet de clopes
presque neuf et mon briquet, interdits dans l’enceinte, alors que je leur
promettais de ne pas fumer… Non mais j’vous jure ! Cela dit, la visite
était sympa, et nous a offert une parenthèse de bien-être avant de nous
confronter de nouveau à ces en… de rickshaws. Hé hé hé, on ne se refait pas
comme ça, hein ?
Le problème majeur avec les visites, c'est que c'est très fatigant!
Après une journée de visite intensive, et une journée de glande prononcée pour s'en remettre, dans la très accueillante Tourist Rest-House, nous voici fin prêts à reprendre la route, ou plutôt le train, à destination de Bénarès, pour ce qui devrait être l'étape la plus bouleversante de notre voyage. Attendons de voir...
Quoi! Qu'est-ce t'as, toi? Tu veux ma photo?!? |
ça y est, je pleure. Des chameaux, le Taj Mahal des indiens qui dorment et même un écureuil.. Elles sont vraiment très belles ces photos. Elles ravissent mon coeur de bonheur.
RépondreSupprimerTant mieux ma petite, tant mieux :)
RépondreSupprimerDis donc, tu ne me sembles pas vraiment bouleversé par cette sublime preuve d'amour.
RépondreSupprimerCertes l'histoire de la fiancée de l'architecte laisse à penser....
Si si, j'étais bouleversé. C'est juste que la réalité rattrape toujours bien tristement les rêves des grands hommes, et que la convoitise et la mesquinerie l'emportent souvent sur les élans du coeur...
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