Nous
avons passé cette dernière journée avec Tanay, qui non content de nous traiter
comme des princes dans son hôtel et au dehors, nous proposa de nous conduire à
Chittorgagh, qu’il n’avait jamais vu. Ne pouvant refuser pareille proposition,
nous sommes de nouveau montés en voiture et avons pu expérimenter une autoroute
indienne. Croyez-moi, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Entre les piétons
qui traversent n’importe où, n’importe comment, les troupeaux de buffles ou de
moutons qu’il faut éviter et les camions qui roulent à contresens (véridique !),
le voyage ne fut pas de tout repos ! Mais bon, au moins la route était en
bon état, et Tanay est un bon conducteur.
La petite
ville de Chittorgagh ne présente pas grand intérêt en elle-même, mais cette
ancienne capitale du Mewar (petit royaume Rajpoute légendaire) propose, perchée
sur sa falaise et dominant toute l’horizon, une des forteresses les plus
impressionnantes du Rajasthan. Une véritable merveille architecturale pour tout
dire ! Aujourd’hui, le palais royal est vide et ne donne guère envie d’être
visiter, néanmoins, le plateau de la forteresse abrite encore de nombreux
temples, monuments, et diverses tours à la gloire des dieux et des héros de la
région.
Afin de
vous coucher ce soir un peu plus cultivés, voici un petit récapitulatif des
évènements qui ont fait la renommée de cet endroit légendaire. Trois fois, la forteresse
fut enlevée par les Moghols, à l’issue de batailles héroïques, qui selon Tanay
ne furent perdues que parce que les Rajpoutes étaient de gros manches, braves certes,
mais piètres guerriers. La première fois, en 1303, lorsque le sultan de Delhi
entendit parler de la beauté incomparable de la reine Padmini (incarnée au cinéma par Nathalie Portman). Se mettant aussi
sec à fantasmer comme un adolescent biactolé en rut, il exprima le désir de
pouvoir la contempler. Pour éviter une guerre, Padmini y consentit à condition
que cela se fît uniquement par le biais d’un jeu de miroirs, pour préserver son
honneur. Mécontent, le sultan fit emprisonner le roi Rajpoute par traitrise. C’est
alors que la reine, aussi intelligente que belle, accepta alors de se rendre au
camp ennemi accompagnée de 700 palanquins pour ses servantes. Mais en réalité
(tadada ! roulement dramatique), ces derniers étaient portés par des
soldats déguisés, et qui en cachaient d’autres dedans ! (Trop forte la
Padmini !) Grâce à cette ruse, elle délivra son époux. Mais le sultan ne l’entendait
pas ainsi, et il assiégea alors la forteresse avec une armée énorme. Sur le
point d’être battus, les Rajpoutes revêtirent la robe safran du sacrifice
suprême, et résistèrent jusqu’au dernier, tandis que la reine et des milliers d’autres
femmes inaugurèrent le johar, le
suicide par le feu. Ah, en fait non, Padmini était un peu coconne…
Le
deuxième sac de la cité eut lieu en 1535, après la victoire du sultan du
Gujarat, Bahadu Shah. Là encore, la reine et 13000 femmes préférèrent le johar à des parties de cache-cache ou des tournantes dans les caves avec
les soldats ennemis vainqueurs. Enfin, en 1568, le grand empereur Moghol Akbar
fut responsable du troisième et dernier sac de Chittorgagh. Après un siège de
plusieurs mois, à court de vivres et à bout de force, les 10000 derniers
guerriers Rajpoutes revêtirent une ultime fois leurs jolies robes safran et
leurs boucles d’oreilles pour tenter une sortie, tandis qu’à nouveau (non mais
c’était devenu la coutume…), des milliers de femmes se jetaient dans les
flammes. C’est alors qu’Akbar aurait prononcé cette phrase aujourd’hui célèbre :
« This is a trap ! », avant de tous les tuer, puis de leur
ériger un monument mémorial, parce que c’était trop classe.
Voilà !
Demain, nous étudierons comment les Britanniques essayèrent d’instaurer la
traditionnelle fête à la saucisse dans un pays à dominantes hindou et musulmane,
et comment Astérix sauva la belle princesse Shéhérazhade, qui n’était autre en
fait que ce perfide chevalier d’Eon. En attendant, après nous avoir déposés
dans la sublime ville d’Udaïpur, Tanay s’en est retourné travailler dans son
hôtel. Bientôt donc, la suite des « Aventures de Hamoumou et Mat le
Cheyenne au Rajasthan », version 3D, sur ce blog ! Bisous.
Trop classe.....le cours d'histoire!
RépondreSupprimerTu es bien mon fils que j'aime.
Je sais, mère. Et je tâcherai tant que faire se peut de répondre à vos attentes culturelles.
SupprimerNéanmoins, une question me taraude: m'aimeriez vous moins si je vous décevais sur ce point bien spécifique?
En vous embrassant fort, comme un bon fils à sa mémère...
sans culture point de salut, mais bon, tu es mon fils, alors je t'aime...
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