samedi 11 août 2012

Hampi dans la Pampa!



Hampi est magique. Splendide, impressionnant, grandiose, mystique, bref, tout simplement magnifique. Difficile d’y accéder, certes ; il nous aura fallu trois bus et treize heures de voyage pour y arriver, mais cela vaut le déplacement. Largement.




Garden Paradise Guest House

Longtemps oubliée, presque gommée de l’histoire (dixit le Guide du Routard), cette cité des rois Vijayanagar rivalisa pourtant dès le XIVème siècle avec Bénarès, au point que pendant deux cent ans, la dynastie des rois bâtisseurs maintint son pouvoir sur tout le sud de l’Inde. L’or coulait à flots, et quand Krishna Deva Raya, son plus célèbre empereur, revenait de guerre sur son éléphant de combat, il jetait des poignées de pierres précieuses à ses soldats vainqueurs. Mais en 1565, le faste de la cité royale ayant suscité l’envie des musulmans du nord, l’armée de cinq sultans alliés pour l’occasion vint défaire les troupes du roi hindou, mit la ville à feu et à sang et la pilla de fond en combles, avant de l’abandonner à jamais. Son souvenir ressurgit au XIXème, lorsqu’un anglais fait les premiers relevés topographiques des ruines, puis un siècle plus tard, un archéologue français du nom de Pierre Filliozat et son épouse indienne Vasundhara parviennent à révéler au monde les merveilles de la capitale oubliée. Enfin, en 1987, l’Unesco l’inscrit sur sa liste du patrimoine mondial.







Hampi est tout simplement un joyau architectural serti dans un magnifique écrin naturel : 400 temples dispersés sur 30 km² de nature tropicale, des milliers de reliefs et de statues énigmatiques taillées dans le granit. Arrivés de nuit, nous ne nous rendons pas compte immédiatement de la splendeur des lieux, mais dès le réveil le lendemain, la pyramide de Virupashka nous écrase de toute sa masse et sa magnificence. Sur tout le site, immense, bordé d’une charmante rivière (la Pampa), des autels, des temples, des pagodes, en ruines ou toujours vivants. Des paysages à couper le souffle dès que l’on prend un peu de hauteur, des processions de pèlerins peinturlurés accompagnés de musiciens, et des animaux, partout. On trouve les habituels troupeaux de moutons et de chèvres, quelques buffles énormes, des vaches sacrées menant leur petite vie de bovins intouchables, des chiens errants, pour la plupart craintifs et en recherche de caresses, mais également des centaines d’écureuils argentés grimpant les façades, et surtout, des singes. Innombrables. Ils auraient envahi Hampi à la suite du tournage du film français « Hanuman » (le dieu-singe), lorsque la production aurait relâché plus de deux cent espèces venant des quatre coins de l’Inde sur le site. Il est déconseillé de chercher à les nourrir, car ils surgissent de toutes parts tant qu’on a encore de la bouffe dans les mains. Cela peut être assez effrayant, même pour un amoureux du genre simiesque, comme moi.







Depuis que nous sommes arrivés, nous nous la coulons douce à Hampi. Entre notre petite hutte rustique de Garden Paradise, une jolie guest house surplombant la rivière, le restaurant Sudha (sur le toît) et sa cuisine internationale, et les longues promenades aussi bien à pied qu’en moto sur l’ensemble du site, oui, on peut dire que tout va bien pour nous. Nous sommes même tombés sur un groupe de jeunes étudiants sympas qui ont insisté pour nous filmer, chantant « Cry me a river » et «Blue Suede Shoes». On ne se refait pas du jour au lendemain !









Le temps demeure gris, mousson oblige, et déverse de temps à autre de belles trombes d’eau sur nos têtes, mais rien ne saurait entamer notre bonne humeur ; aussi bien les hordes de touristes de toutes les nationalités (bien plus nombreux qu’à Goa), ou le fait que certains temples imposent un prix d’entrée de 250 roupies aux étrangers, tandis que les indiens n’en payent que dix… De la même manière, dans le sanctuaire principal, un éléphant bénit d’un petit coup de trompe les personnes qui le désirent, moyennant une roupie. Enfin, du moins pour les indiens. Car le majestueux animal a été dressé (allez savoir comment !) à n’accepter que les billets de 10 Rps de la part des blancs ! Si la corruption touche aussi les éléphants, maintenant !







Queen's Bath... Mais bon, là il manque de l'eau...

Ce qui m’amène à parler d’un sujet aussi triste que délicat : Sur la requête expresse de l’Unesco et afin de préserver les monuments d’éventuelles dégradations, le gouvernement indien a entamé la démolition des nombreux hôtels, restaurants ou simples habitations qui jalonnent les environs. L’opération devrait durer un an. D’ici là, il n’y aura plus aucun bâtiment moderne dans un périmètre de 15 km, et tous les habitants seront forcés de déménager, ne recevant qu’une infime part des indemnités prévues à cet effet par l’organisme mondial, le gros de cet argent allant grossir les caisses de l’état…






Pour terminer sur une note un peu plus joyeuse, nous repartons demain soir avec Samia de cette sublime cité, direction Bangalore, puis Mahabalipuram sur la côte est. Peut-être allons-nous pouvoir enfin nous baigner, et serons-nous à l’abri du gros de cette mousson qui affadit considérablement les couleurs des photos que nous postons… A bientôt donc, pour la suite de nos aventures !













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