Voilà maintenant une semaine
que nous nous prélassons à Pondicherry, et pour cause : nous avons été
accueillis royalement chez Pierre, jeune ingénieur en chimie très sympa, venu
ici travailler deux ans, et disposant d’une gigantesque maison (avec
piscine !) La grande classe… C’est chez lui que résident les intervenants
de l’association Après School, dans laquelle est venue bosser Gégé, ainsi que
Nico, Amandine, Nadia, Zitoune…
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Vue du toit, chez Pierre |
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Gégé et ses bouts d'chou |
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Samia revit, à Baker Street, face aux pâtisseries |
Nous nous sommes rendus le
premier week-end dans le village où se déroule l’action de l’asso, et je dois
dire que leur travail porte ses fruits. Le centre accueille des enfants
défavorisés, orphelins pour certains et n’appartenant à aucune caste reconnue
(en-deçà des Intouchables donc), leur fournissant logement, nourriture,
éducation, animations, sorties pédagogiques et ateliers en tous genres. Lorsque
nous y étions, ils étaient en train de finaliser une cage à écureuils, la
plupart des gamins étant fils de chasseurs, pour leur permettre d’apprivoiser
les petites bêtes plutôt que de les maltraiter et de les boulotter en douce. Ah
oui, ils possèdent également une piscine, « fournie » par un sponsor
de La Rochelle ! Fantastique spectacle que de voir ces gamins maigrichons
s’égailler dans l’eau par grosse chaleur…
Malheureusement, Gégé et le
reste de la troupe sont partis depuis dans un autre village du Tamil Nadu, pour
la deuxième partie de leur voyage en tant que volontaires. Qu’à cela ne tienne,
enfourchant un scooter Activa de location, nous sommes partis à la découverte
de la ville et de ses environs.
Ancien comptoir commercial
français, et siège indien de la Compagnie Française des Indes Orientales durant
trois siècles (jusqu’en 1954), Pondicherry conserve de nombreux vestiges de
cette occupation coloniale. Le quadrillage des rues portant des noms tels que
Dumas, Romain-Rolland, Dupuis ou St-Gilles, de nombreuses églises et
cathédrales, un monument aux morts de la guerre 1914-1918, l’Alliance
Française… Tous ces éléments côtoient de près la jungle urbaine caractéristique
des villes indiennes. Premier hic dans ce décor : bien qu’en bordure de
mer, Pondy ne possède pas de plages immédiates, se contentant d’une gigantesque
digue de rochers noirs et pollués le long de la Croisette, censée contenir les
attaques des typhons et tsunamis qui ravagent la côte. Deuxièmement, une grande
partie de la ville appartient à l’Ashram
de Sri Aurobindo, philosophe indien visionnaire. Autant communauté religieuse
qu’entreprise financière, ses nombreux bâtiments peints en gris et blanc et ses
multiples commerces et industries font de l’ombre à bon nombre de
Pondichériens, qui n’y voient que du déviationnisme capitaliste, pouvant les
mettre en danger, eux et leur famille.
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Rien à voir avec ce qui précède... |
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mais j'aime bien ces statues... |
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Surtout Kali, il a l'air sympa... |
Dix kilomètres au nord se
trouve Auroville. Auroville n’est pas une ville, malgré son nom, mais plutôt
une communauté internationale (sous protectorat indien), tentant de vivre
ensemble différemment. Cette étonnante expérience utopique a vu le jour en 1968,
sous l’instigation de Mirra Alfassa, communément appelée « La Mère »,
ancienne compagne spirituelle du philosophe Aurobindo (d’où le nom
d’Auroville). L’idée de départ (louable) était qu’Auroville n’appartienne à
personne en particulier, mais à l’ensemble de l’humanité. Elle se veut une cité
universelle où hommes et femmes de tous les pays doivent pouvoir vivre en paix
et en harmonie, au-dessus de toute croyance, de toute politique et de toute
nationalité. Bien entendu, ce projet monumental rencontra énormément de
difficultés, tant morales qu’administratives, surtout à la mort de la Mère en
1973 ; et l’idée originale d’une cité de 50000 personnes se résume
aujourd’hui à une population de 2400 habitants. Néanmoins, le concept et le
site sont fascinants, au-delà de toutes considérations éthiques (est-ce une
secte, une utopie hasardeuse, ou un réel lieu de recherche spirituelle et
pratique sur les valeurs humaines ?).
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Un Vortex d'eau... |
Au centre, près d’un Banian
(arbre sacré dont la particularité est de posséder des racines aériennes se
transformant elles-mêmes en troncs) se situe le Matrimandir (ou Oratoire de la Mère), étrange et énorme bâtiment
sphérique ressemblant à une balle de golf dorée, et recelant une salle de
méditation d’un mysticisme hallucinant. A l’entrée, on vous demande de bien
vouloir abandonner vos chaussures, puis de revêtir une paire de chaussettes
blanches afin de ne pas contaminer l’intérieur. Mais une fois passées les
portes, on se croirait parachuté dans un film de science-fiction, tant
l’architecture est blanche, épurée, et les « hôtesses » vêtues de
toges et silencieuses, paraissent venir d’un futur lointain et éclairé. Après
avoir monté une rampe circulaire capitonnée de moquette, blanche également,
nous nous sommes retrouvés dans le lieu sacro-saint, gigantesque salle circulaire
disposant de douze colonnes et de petits coussins pour s’asseoir en lotus. Au
centre, le plus gros cristal jamais façonné de main d’homme, sphère parfaite,
réfléchit un unique rayon de soleil provenant du sommet du globe (qui le
traverse de part et d’autre jusqu’à atteindre un autre cristal, plus petit, à
la base du bâtiment), et génère une lumière vespérale, fantomatique, idéale
pour la méditation. Silence obligatoire. Et interdiction formelle de prendre
des photos, nous ne pouvons donc illustrer cette visite autrement que par une
description certes longue, mais indispensable, veuillez m’en excuser. La
méditation, à proprement parler, ne dure que 20 minutes la première fois, mais
fait un bien fou, même si l’on n’est pas familier des techniques de yoga et d’introspection.
Expérience vraiment fascinante. Nous invitons tous ceux qui se rendront à
Pondicherry de la tenter pour se faire leur propre opinion.
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Le Matrimandir |
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Le Banian |
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Le Matrimandir et le Banian |
67 kilomètres au nord-ouest,
Gingee (prononcez Singee). Bravant la chaleur et les coups de soleil, encore cuisants
aujourd’hui, nous avons fait l’aller-retour en scooter pour profiter de la
beauté de ce site incroyable. Au milieu de nulle part se dressent les vestiges
d’une formidable forteresse, s’étalant sur un périmètre de six kilomètres, à
cheval sur plusieurs collines et datant du XVIème siècle. Un décor digne d’un
film d’Indiana Jones. Nous avons ainsi crapahuté sous le cagnard, escaladé des
marches interminables, grimpé des remparts en ruines et joui de paysages
sensationnels. Ça valait le coup de se taper 150 bornes en scoot en tout
cas !
Pour finir cet interminable
article, abordons l’aspect culturel de ce petit séjour prolongé. Nous avons eu
le plaisir d’assister à un spectacle de cirque et de danse, d’une jeune troupe
réunionnaise, et avons pu constater le peu d’engouement du public indien face à
ce genre de représentation. Public pourtant attentif et friand des figures
acrobatiques les plus spectaculaires. Nous avons également participé au
tournage d’un film romantique, intitulé « Ché-Khé is our friend », en
tant que figurants, dans un hôtel de luxe en bord de mer. Très sympathique.
L’équipe m’a paru très professionnelle et efficace, même si les responsables du
casting ne nous divulguaient les détails du planning qu’à la dernière minute,
et que le temps a fini par nous paraître incroyablement long. Les mecs
voulaient nous garder toute la journée, étant en rade de figurants blancs, et
nous demandaient de rire aux éclats, de nous coller l’un à l’autre, voire de
nous embrasser langoureusement, exercice auquel nous nous sommes prêtés de bon
cœur !
Nous repartons demain,
direction Tanjore, pour ses grands temples vivants Chola, puis Maduraï, et
enfin Kodaïkanal, dans les montagnes, avant de nous rendre au Kérala, sur la
côte ouest. Nous vous souhaitons d’excellentes fins de vacances, et une très
bonne rentrée, hé hé...
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