lundi 27 août 2012

Pondicherry


Voilà maintenant une semaine que nous nous prélassons à Pondicherry, et pour cause : nous avons été accueillis royalement chez Pierre, jeune ingénieur en chimie très sympa, venu ici travailler deux ans, et disposant d’une gigantesque maison (avec piscine !) La grande classe… C’est chez lui que résident les intervenants de l’association Après School, dans laquelle est venue bosser Gégé, ainsi que Nico, Amandine, Nadia, Zitoune…

Vue du toit, chez Pierre
Gégé et ses bouts d'chou
Samia revit, à Baker Street, face aux pâtisseries

Nous nous sommes rendus le premier week-end dans le village où se déroule l’action de l’asso, et je dois dire que leur travail porte ses fruits. Le centre accueille des enfants défavorisés, orphelins pour certains et n’appartenant à aucune caste reconnue (en-deçà des Intouchables donc), leur fournissant logement, nourriture, éducation, animations, sorties pédagogiques et ateliers en tous genres. Lorsque nous y étions, ils étaient en train de finaliser une cage à écureuils, la plupart des gamins étant fils de chasseurs, pour leur permettre d’apprivoiser les petites bêtes plutôt que de les maltraiter et de les boulotter en douce. Ah oui, ils possèdent également une piscine, « fournie » par un sponsor de La Rochelle ! Fantastique spectacle que de voir ces gamins maigrichons s’égailler dans l’eau par grosse chaleur…











Malheureusement, Gégé et le reste de la troupe sont partis depuis dans un autre village du Tamil Nadu, pour la deuxième partie de leur voyage en tant que volontaires. Qu’à cela ne tienne, enfourchant un scooter Activa de location, nous sommes partis à la découverte de la ville et de ses environs.


 


Ancien comptoir commercial français, et siège indien de la Compagnie Française des Indes Orientales durant trois siècles (jusqu’en 1954), Pondicherry conserve de nombreux vestiges de cette occupation coloniale. Le quadrillage des rues portant des noms tels que Dumas, Romain-Rolland, Dupuis ou St-Gilles, de nombreuses églises et cathédrales, un monument aux morts de la guerre 1914-1918, l’Alliance Française… Tous ces éléments côtoient de près la jungle urbaine caractéristique des villes indiennes. Premier hic dans ce décor : bien qu’en bordure de mer, Pondy ne possède pas de plages immédiates, se contentant d’une gigantesque digue de rochers noirs et pollués le long de la Croisette, censée contenir les attaques des typhons et tsunamis qui ravagent la côte. Deuxièmement, une grande partie de la ville appartient à l’Ashram de Sri Aurobindo, philosophe indien visionnaire. Autant communauté religieuse qu’entreprise financière, ses nombreux bâtiments peints en gris et blanc et ses multiples commerces et industries font de l’ombre à bon nombre de Pondichériens, qui n’y voient que du déviationnisme capitaliste, pouvant les mettre en danger, eux et leur famille.

Rien à voir avec ce qui précède...
mais j'aime bien ces statues...
Surtout Kali, il a l'air sympa...

Dix kilomètres au nord se trouve Auroville. Auroville n’est pas une ville, malgré son nom, mais plutôt une communauté internationale (sous protectorat indien), tentant de vivre ensemble différemment. Cette étonnante expérience utopique a vu le jour en 1968, sous l’instigation de Mirra Alfassa, communément appelée « La Mère », ancienne compagne spirituelle du philosophe Aurobindo (d’où le nom d’Auroville). L’idée de départ (louable) était qu’Auroville n’appartienne à personne en particulier, mais à l’ensemble de l’humanité. Elle se veut une cité universelle où hommes et femmes de tous les pays doivent pouvoir vivre en paix et en harmonie, au-dessus de toute croyance, de toute politique et de toute nationalité. Bien entendu, ce projet monumental rencontra énormément de difficultés, tant morales qu’administratives, surtout à la mort de la Mère en 1973 ; et l’idée originale d’une cité de 50000 personnes se résume aujourd’hui à une population de 2400 habitants. Néanmoins, le concept et le site sont fascinants, au-delà de toutes considérations éthiques (est-ce une secte, une utopie hasardeuse, ou un réel lieu de recherche spirituelle et pratique sur les valeurs humaines ?). 


Un Vortex d'eau...

Au centre, près d’un Banian (arbre sacré dont la particularité est de posséder des racines aériennes se transformant elles-mêmes en troncs) se situe le Matrimandir (ou Oratoire de la Mère), étrange et énorme bâtiment sphérique ressemblant à une balle de golf dorée, et recelant une salle de méditation d’un mysticisme hallucinant. A l’entrée, on vous demande de bien vouloir abandonner vos chaussures, puis de revêtir une paire de chaussettes blanches afin de ne pas contaminer l’intérieur. Mais une fois passées les portes, on se croirait parachuté dans un film de science-fiction, tant l’architecture est blanche, épurée, et les « hôtesses » vêtues de toges et silencieuses, paraissent venir d’un futur lointain et éclairé. Après avoir monté une rampe circulaire capitonnée de moquette, blanche également, nous nous sommes retrouvés dans le lieu sacro-saint, gigantesque salle circulaire disposant de douze colonnes et de petits coussins pour s’asseoir en lotus. Au centre, le plus gros cristal jamais façonné de main d’homme, sphère parfaite, réfléchit un unique rayon de soleil provenant du sommet du globe (qui le traverse de part et d’autre jusqu’à atteindre un autre cristal, plus petit, à la base du bâtiment), et génère une lumière vespérale, fantomatique, idéale pour la méditation. Silence obligatoire. Et interdiction formelle de prendre des photos, nous ne pouvons donc illustrer cette visite autrement que par une description certes longue, mais indispensable, veuillez m’en excuser. La méditation, à proprement parler, ne dure que 20 minutes la première fois, mais fait un bien fou, même si l’on n’est pas familier des techniques de yoga et d’introspection. Expérience vraiment fascinante. Nous invitons tous ceux qui se rendront à Pondicherry de la tenter pour se faire leur propre opinion.

Le Matrimandir
Le Banian


Le Matrimandir et le Banian

67 kilomètres au nord-ouest, Gingee (prononcez Singee). Bravant la chaleur et les coups de soleil, encore cuisants aujourd’hui, nous avons fait l’aller-retour en scooter pour profiter de la beauté de ce site incroyable. Au milieu de nulle part se dressent les vestiges d’une formidable forteresse, s’étalant sur un périmètre de six kilomètres, à cheval sur plusieurs collines et datant du XVIème siècle. Un décor digne d’un film d’Indiana Jones. Nous avons ainsi crapahuté sous le cagnard, escaladé des marches interminables, grimpé des remparts en ruines et joui de paysages sensationnels. Ça valait le coup de se taper 150 bornes en scoot en tout cas !




 




Pour finir cet interminable article, abordons l’aspect culturel de ce petit séjour prolongé. Nous avons eu le plaisir d’assister à un spectacle de cirque et de danse, d’une jeune troupe réunionnaise, et avons pu constater le peu d’engouement du public indien face à ce genre de représentation. Public pourtant attentif et friand des figures acrobatiques les plus spectaculaires. Nous avons également participé au tournage d’un film romantique, intitulé « Ché-Khé is our friend », en tant que figurants, dans un hôtel de luxe en bord de mer. Très sympathique. L’équipe m’a paru très professionnelle et efficace, même si les responsables du casting ne nous divulguaient les détails du planning qu’à la dernière minute, et que le temps a fini par nous paraître incroyablement long. Les mecs voulaient nous garder toute la journée, étant en rade de figurants blancs, et nous demandaient de rire aux éclats, de nous coller l’un à l’autre, voire de nous embrasser langoureusement, exercice auquel nous nous sommes prêtés de bon cœur !





Nous repartons demain, direction Tanjore, pour ses grands temples vivants Chola, puis Maduraï, et enfin Kodaïkanal, dans les montagnes, avant de nous rendre au Kérala, sur la côte ouest. Nous vous souhaitons d’excellentes fins de vacances, et une très bonne rentrée, hé hé...



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