Bien décidés à ne pas nous morfondre plus longtemps sous les latitudes
froides et humides du Nord Vietnam, nous avons pris un premier bus pour Ninh
Binh, à cent cinquante kilomètres plus au sud, pour y trouver sensiblement le même
climat… Arrivés le 31 décembre, en début de soirée, nous pensions ne rien faire
pour le réveillon, mais c’était sans compter l’entrain et la gentillesse de
Tùc, le patron de l’hôtel Mini Queen. En effet, à 20 heures, il convia l’ensemble
de ses clients _ nous étions une dizaine_ et nous offrit le repas, nous rinçant
copieusement par la même occasion de shots de vodka, et nous apprenant au passage
à trinquer à la vietnamienne, en beuglant toutes les deux minutes : « Chùc mùn nàm môi ! » Ce fut un
bon moment, passé en compagnie de couples allemands, anglais, français et
québécois, mais au bout de trois heures à ce train là, tout le monde, hormis
Samia, était passablement bourré et fatigué. Nous partîmes donc nous coucher
avant minuit, mais nous n’aurions de toute façon pas pu tenir plus longtemps, fourbus
comme nous étions.
La province de Ninh Binh est réputée pour receler de nombreux trésors
naturels et religieux, tels que temples anciens, pagodes majestueuses, invraisemblables
formations karstiques, immenses grottes calcaires et réserves nationales.
Néanmoins, toujours à cause du mauvais temps, nous nous sommes contentés de
louer un scooter pour une journée et de nous balader dans les environs proches
de la ville. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés à Tam Coc. Considéré
comme l’équivalent terrestre de la baie d’Halong, le site de Tam Coc est une
merveille, même si son exploration est considérablement dévalorisée par l’afflux
massif de touristes. On y accède en barque, que le/la rameur/euse dirige avec
ses pieds, sur une jolie rivière sinuant dans un labyrinthe de roche, encadrée
par des rizières, et passant par des grottes obscures à travers les montagnes.
C’était tout simplement sublime, même si nous faisions plus ou moins la course
avec des dizaines d’autres embarcations, et que des marchandes insistaient sans
vergogne pour nous vendre leurs produits.
Le soir même, nous avons pris un deuxième bus, de nuit cette fois, pour un
trajet de onze heures à destination de Hué, dans le centre du pays. Autant vous
dire que ce ne fut pas une partie de plaisir ! Derniers montés dans le
car, nous nous sommes vus attribuer les couchettes du fond, non individuelles
et jouxtant les toilettes, et avons du partager l’espace plus que restreint
avec un jeune (mais gros) franco-vietnamien. Encore une fois, les conditions,
alliées à mes troubles du sommeil, m’ont empêché de fermer l’œil de la nuit.
Samia, quant à elle, combattait son allergie et les dizaines de blattes qui
pullulaient tout autour de nous. Non, mais sérieusement ! Surtout que le
temps, loin de s’améliorer, nous avait réservé quelques averses rafraîchissantes
pour notre arrivée… Bref.
Traversée par la Rivière des Parfums, Hué conserve encore aujourd’hui un
peu de son faste d’autrefois. Notamment grâce à l’imposante enceinte impériale,
au cœur de la citadelle, qui contient encore les vestiges du palais, en pleine
restauration actuellement. Ancienne capitale du pays, sous la dynastie des
Nguyên, au XIXème siècle, Hué fut ravagée à plusieurs reprises par la suite.
Par les français, en 1885, qui pendant trois jours brûlèrent la bibliothèque
impériale et dépouillèrent la cité de tous ses objets de valeur. Puis en 1968, lorsqu’à
la faveur de l’offensive du Têt, les troupes nord-vietnamiennes et le Viêt-Cong
envahirent la ville, avant de massacrer 25 jours durant quelques 2500 personnes
« réfractaires » au Front National de Libération. S’ensuivirent les
représailles américaines, qui consistèrent à bombarder pendant plusieurs
semaines la ville et à utiliser du napalm dans le palais impérial… Environ 10 000
personnes périrent. Quoi qu’il en soit, tout ne fut pas détruit, et il demeure
de beaux restes.
Après une visite sommaire de la ville, nous sommes repartis, pour un trajet
de cinquante kilomètres mais qui dura néanmoins quatre heures (!?!), en
direction de Hoi An, d’où je vous écris. La route, pour la première fois en
deux semaines, était à couper le souffle, alternant paysages de montagnes et
vues sur la mer. Le temps s’est dégagé, et cette petite station balnéaire
pleine de charmes promet de belles choses. Je vous en dirai plus dans le
prochain post. Là, j’aimerais tellement faire une vraie nuit… A bientôt donc!
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