samedi 26 janvier 2013

Phnom Penh: des hauts et des bas



Autrefois surnommée "la perle de l'Asie du Sud-Est", la capitale du Cambodge a su préserver un peu de son faste d'antan. Réorganisée par les français à l'époque coloniale pour préserver les trésors architecturaux Khmers (pagodes, Palais royal...) Phnom Penh est littéralement quadillée de larges avenues bordées de luxueux bâtiments, et ponctuée ça et là de grands espaces verts, qui permettent de respirer malgré la congestion automobile sans cesse grandissante. La guerre, bien sûr, a laissé des traces, et de nombreux édifices religieux ont été rasés par les Khmers rouges, mais après une décennie d'immobilisme sous le régime provietnamien, la ville est parvenue à se relever de ce long cauchemar, notamment grâce à l'afflux de capitaux étrangers. Aujourd'hui, Phnom Penh présente un visage nouveau, à la fois animé et nonchalant, avec  même une certaine allure de petit Paris asiatique. Nous nous y sommes tout de suite senti assez bien.












La ville a amplement répondu à nos attentes. Tout d'abord car, après la frénésie du Vietnam et la froideur de certains de ses habitants, nous nous sommes retrouvés face à des gens calmes et rieurs. Une histoire de climat je pense, ou bien un climat chargé d'histoire au choix. Puis parce qu'en nous promenant un peu partout, nous avons découvert de somptueux sites, bien que la promenade le long du Tonlé Sap (la rivière) laissait à désirer. Nous avons par exemple gravi la colline de Wat Phnom et découvert un temple magnifique aux superbes fresques et aux nombreuses statues dorées, ou encore nous nous sommes aventurés au Wat Bottum Vaddey, qui contiendrait des cendres du Bouddha en personne, mais ça, on a pas pu vérifier... Nous serions bien rentrés dans l'enceinte du Palais royal également, mais mon débardeur ne leur plaisait pas et j'ai refusé d'acheter un tee-shirt pour l'occasion. D'autant plus que tout n'était pas accessible au public. En effet, il s'avère que le père du roi actuel, Norodom Sihanouk, est mort le 25 Octobre dernier, et que les cortèges funèbres et les pélerinages ne cessent depuis. Face au Palais, nous avons d'ailleurs pu voir une toute nouvelle pagode en construction, gigantesque, qui devrait lui servir de dernière demeure le 4 Février, jour de son véritable enterrement. J'espère qu'ils l'ont bien embaumé, parce que cela fait plus de trois mois là!
















Nous avons également revu Liana, notre gentille hôtesse de Saigon, qui nous a présenté deux de ses amis expats, Eric et Philippe, et avec qui nous avons passé une très bonne soirée, riche en informations sur le pays. J'aurais bien voulu passer plus de temps à côté de notre hôtel, rue 51, dans ce qu'Eric appelle "l'antre de la perdition", mais Samia n'était pas plus motivée que ça. Je ne comprends pas pourquoi, c'était plutôt sympa. Bon, c'est sûr, il y-avait beaucoup de jeunes et belles prostituées, que venaient lutiner de gros, moches et vieux occidentaux dans une ambiance un peu glauque tamisée en rose, mais il y-avait également plein de tables de billard qui n'attendaient que nous, et la bière était bonne! Dommage. On remettra ça à Bangkok, même si les filles y sont plus chèresmoins jolies, des mecs.




Non, là où ça s'est vraiment gâté, c'est lors de l'avant-dernière journée. Nous avions prévu plusieurs visites de musées, et la ville étant tout de même très étendue, nous avons loué des vélos au tenancier de la guest-house. Le mien était un peu pourri, et avait nécessité un sacré regonflage, mais il roulait, c'était le principal. Nous nous sommes donc rendus, pour commencer, à Tuol Slen, rien de moins que le Musée du Crime Génocidaire. Autant dire tout de suite que la visite était cauchemardesque, mais qu'elle permet de mieux saisir l'ampleur du traumatisme subi par le peuple cambodgien. Cet ancien lycée français devint en effet la prison la plus terrifiante du pays sous les Khmers Rouges. Baptisé S-21 par les hommes de Pol Pot, le lieu n'est pas sans rappeler certains camps de concentration nazis, et à défaut d'avoir été le seul (on en a recensé plus d'une centaine au Cambodge), c'est le plus accessible, en plein centre-ville de la capitale, et il est aujoud'hui devenu un triste mémorial.







D'avril 1975 à janvier 1979, près de 15 000 personnes y passent, subissant les pires tortures avant d'être achevées dans le camp d'extermination de Choeung Ek, à l'extérieur de la ville. Sept seulement ont survécu, à la libération. Personne n'a réussi à s'échapper. Les Khmers rouges y enfermaient tous les opposants supposés au régime, pour n'importe quel motif, valable ou non, sans distinction d'âge, poussant même la "farce" jusqu'à y amener des bébés. L'horreur absolue... Les gardiens avaient entre 10 et 17 ans, endoctrinés par leurs aînés de l'Angkar (l'Armée de Libération du Kâmpuchéa Démocratique) et devenaient rapidement plus cruels que les adultes. Ayant la manie de l'archivage (on a retrouvé 20 000 dossiers impeccablement tenus), les tortionnaires fichaient tous leurs détenus, à l'arrivée, et après le décès. Bref, entre l'exposition des photos des victimes, les cellules minuscules où elles étaient parquées, les salles "d'interrogatoire", les squelettes sous vitrine et les illustrations des diverses méthodes de torture, nous nous sentions horriblement mal, je dois l'admettre. Le pire ne réside pourtant pas dans tout cela, mais plutôt dans l'attrait morbide qu'exercent les regards des suppliciés face à l'appareil photo. On y lit du dégoût, de l'incompréhension, de la peur, de la haine, parfois de la pitié. Certaines personnes ont même souri! C'est très dérangeant, et l'on se sent à la fois malheureux, petit, accablé, et nanti d'être en vie et de ne pas avoir vécu cette tragédie. Je vous laisse juger par vous-mêmes. Certains me diront que c'est abusé de ma part de poster de telles photos, mais croyez-moi, c'est la moindre des choses que je puisse faire...












Seulement, nos "malheurs" n'allaient pas s'arrêter là. Aussitôt ressortis, nauséeux, nous avons enfourché nos vélos pour changer d'air et de musée, et je me suis alors aperçu que le pneu était crevé, puis en freinant pour m'arrêter, j'ai eu la mauvaise surprise de voir le câble de frein se péter brusquement! Considérant que dans ces conditions, il valait mieux rentrer à l'hôtel, Samia est partie devant tandis que je poussais piteusement mon bicloune pourri au milieu des embouteillages, et ce sur trois bons kilomètres. En arrivant, le patron me fit comprendre que non seulement, il n'allait pas nous rendre l'argent de la location à la journée, alors que nous ne les avions utilisé que vingt minutes, mais qu'en plus, vu que c'est moi qui l'avait cassé, je devrais payer les réparations! Quand je lui ai annoncé tout net mon refus, le mec était prêt à nous foutre à la porte... Le lendemain matin, nous sommes descendus pour le check-out, et bien évidemment, lorsque j'ai payé la chambre en déduisant le montant des vélos, il est entré dans une fureur noire, a tenté de séquestrer nos sacs pour nous empêcher de partir et était prêt à appeler les flics, chose qui m'aurait ravi! Mais Samia a préféré lui filer la moitié du fric pendant que je me coltinais une quinzaine de badauds et sa famille au grand complet! Nous avons fini par partir sous les invectives, dans une ambiance qui n'était pas sans me rappeler mes heures noires en Afrique. Et après avoir changé d'hôtel et dormi comme des loirs, nous avons quitté Phnom Penh, un peu déçus par la tournure que les évènements avaient pris. Heureusement, nous voici à Kampot, et je pense que nous allons bien nous refaire ici!


mercredi 23 janvier 2013

Le Cambodge

Ceci est le drapeau national et le pavillon national du Royaume du Cambodge. Il est constitué d'une bande rouge horizontale entourée de deux bandes bleues, représentant la Nation et le Roi. Au centre se dessine en blanc une représentation du temple d'Angkor Vat, symbolisant la religion.

Il fut adopté une première fois, de 1948 à 1970, changea cinq fois durant les deux décennies suivantes, et redevint le drapeau officiel en 1993, au retour du roi Norodom Sihanouk.



LE CAMBODGE

  • Origines
Le Royaume du Cambodge, en Khmer Kâmpùchea, qui signifie littéralement "Pays des Khmers", est un pays d'asie du sud-est, peuplé d'environ 15 millions d'habitants. Le Cambodge est l'état successeur de l'Empire Khmer, hindouiste et bouddhiste, qui régna sur pratiquement toute le péninsule d'Indochine entre le XIème et le XIVème siècle.

  • Géographie
Le Cambodge a des frontières communes avec la Thaïlande, à l'ouest et au nord-ouest, le Laos au nord-est, et le Vietnam à l'est et au sud-est. Il possède également un accès maritime au sud-ouest, sur le Golfe de Siam. La capitale du royaume est Phnom Penh. Le climat y est tropical.
La géographie du pays est dominée par le fleuve Mékong, qui le traverse du nord au sud (Thonlé Thom en Khmer, qui signifie "Grande Rivière") et le Tonlé Sap (ou "Rivière d'eau fraîche), principale ressource halieutique. Son relief de très basse altitude fait que le Cambodge se trouve en grande partie au niveau ou sous le niveau des fleuves. A la saison des pluies, le courant du Mékong s'inverse et s'écoule vers le Tonlé Sap, dont le lac augmente considérablement sa superficie. C'est un phénomène unique au monde.

  • Religion et Langue
Les citoyens du pays portent le nom de Cambodgiens, ou Khmers, en référence à l'ethnie dominante. La langue officielle en est donc... le Khmer. La majorité des habitants sont de religion Bouddhiste Theravada (96% de la population, religion d'état), bien que le pays comporte une communauté musulmane Cham (2%) ainsi que quelques ethnies des montagnes et une communauté chrétienne (1%).

  • Economie
L'agriculture reste le secteur économique dominant, représentant 57,6% de la population active et 33,4% du PIB. Les industries principales sont la confection et le tourisme, employant environ 3 millions de personnes. Du pétrole et du gaz ont également été trouvés dans les eaux territoriales du pays en 2005. Malgré l'extrême pauvreté d'une grande partie de la population (31% en dessous du seuil de pauvreté), le Cambodge connaît depuis la fin des années 1990 un fort développement économique et bénéficie de l'afflux d'investissements internationaux. Entre 2004 et 2007, le PIB du royaume connut une croissance moyenne de 10% par an. Malgré cette embellie, le PIB par habitant demeure bien au-dessous de la moyenne régionale et au même niveau que bon nombre de pays d'afrique sub-saharienne.

  • Histoire
  1. Royaumes Pré-Angkoriens
La création du Cambodge remonte approximativement à l'an 600, lorsque le roi Khmer Ishanavarman, descendu des plateaux laotiens, conquit le Funan (sud-est actuel) et le rattacha a son Royaume du Chenla. Il entreprit alors la construction de nombreux temples et sanctuaires. Mais au VIIIème siècle, d'obscures querelles dynastiques divisèrent le pays en deux, le Chenla de terre (côté laotien) et le Chenla d'eau (le Cambodge proprement dit). Il fallut attendre l'an 802 pour qu'un prince javanais, Jayavarman II conquière le Chenla d'eau (celui de terre tombera un siècle plus tard) et redonne sa splendeur au royaume. Son successeur Yasovarman fit construire sa capitale à deux pas du Thonlé Sap. Angkor était né.

     2. Angkor

S'ensuivit l'âge d'or de la civilisation Khmère, qui durera jusqu'au XIIIème siècle, durant lequel de gigantesques aménagements hydrauliques et de nombreux édifices religieux virent le jour. Le culte du Dieu-Roi fut restauré, et le royaume s'agrandit vers l'ouest. Le règne de Suryavaram II, notamment, connut une période de paix et de prospérité inégalée. Mais une guerre de presque cent ans, contre les Chams voisins, entacha les règnes de ses descendants. Angkor fut pillée une première fois en 1177. Mais Jayavaram VII réussit par la suite à reprendre le dessus, allant jusqu'à conquérir de nouveaux territoires. Ce roi lépreux, selon la légende, est également célèbre pour avoir fait construire de nombreux temples, routes et hôpitaux pour son peuple. C'est l'apogée de l'Empire.

     3. Déclin 

A la mort de Jayavaram II, le Cambodge connaît une longue récession. Son fils restaure le culte de Shiva aux dépens du bouddhisme, il accepte de payer un tribut à l'empereur Mongol Kubilaï Khan, puis perd successivement les terres vassales de Sukhothai, de Lobpuri, et des Lao. L'unité des Khmers elle-même vacille, en raison des dissensions religieuses. Ainsi, en 1336, un roi hindouiste et persécuteur du bouddhisme se fait assassiner par son jardinier, Ta Chay, qui est à son tour proclamé roi par le peuple! Il s'agit alors d'une véritable révolution qui marque la fin définitive du culte du Dieu-Roi et la mise à l'écart de l'élite indianisée. Le bouddhisme Hinayana devient le culte officiel et le Pali remplace le Sanscrit comme langue sacrée. Le nouveau royaume Thaï du Siam profite alors de l'affaiblissement de son voisin pour lancer une attaque qui aboutit à la prise d'Angkor en 1351 et la déportation en esclavage d'une grande partie de la population. Les Khmers reprennent la capitale six ans plus tard, mais la reperdront face aux Siamois en 1431, qui placent le Cambodge en état de vassalité.

     4. Entre Siam et Vietnam

Du XVème au XIXème siècle, le Cambodge vit une longue décadence politique sous domination Siamoise. Cherchant de nouveaux alliés pour mettre fin à l'occupation, les différents prétendants aux pouvoirs firent appel aux étrangers. Ainsi, en 1623, le roi Chey Chetta demanda l'appui de son beau-père, le roi de Hué. En contrepartie de son aide, qui aboutit à une victoire sur les Siamois, ce dernier obtint l'autorisation de fonder des établissements vietnamiens dans la région de Saigon. C'est à partir de là que les vietnamiens, poursuivant leur progression historique du nord vers le sud, en vinrent peu à peu à remplacer les Khmers dans le Delta du Mékong. Longtemps, les Viets et les Siamois se disputèrent les différentes régions du pays dans un incessant ballet de victoires et de contre-attaques. Puis au XIXème siècle, les vietnamiens s'imposent et annexent totalement le territoire. En 1845, une révolte éclate, qui se traduit par le massacre de l'ensemble des occupants. Les Siamois se relancent dans la partie, et se mettent d'accord avec les Viets pour partager définitivement le pays. Le roi Ang Duong décide alors de faire appel aux français.

     5. Colonisation

En 1863, son fils, le roi Norodom, signe un accord avec la France qui place le pays sous protectorat et l'intègre progressivement dans son empire colonial. Les quarante années suivantes, malgré les conditions  commerciales dues aux chartes de protection, la France laisse plus ou moins Norodom diriger le pays en monarque absolu. Ce dernier en profite pour moderniser considérablement l'administration, mais nombre de ses réformes se heurtent à une vive opposition de la cour et des nobles, forçant le roi à temporiser. A sa mort en 1904, la succession revient à son frère Sisowath, qui poursuit l'oeuvre de son aîné et s'attire les faveurs des français. Il en ira de même avec son fils Monivong, qui permit la construction de nombreuses routes, ainsi qu'une voie ferrée et des hôpitaux. Seul le système scolaire se verra relégué aux oubliettes, n'évoluant que très lentement, au détriment de la population. En 1937, on ne dénombre que 49 500 élèves pour 3 millions d'habitants.

     6. Guerre et Indépendance

A la veiile de la Seconde Guerre Mondiale, les français n'envisagent pas d'accorder son indépendance au Cambodge dans un futur proche. Néannoins, suite à l'offensive Thaïlandaise de 1941 et sous la pression des Japonais, la France doit céder les provinces de Battambang et de Siem Reap. La même année, le Gouverneur Général d'Indochine désigne Norodom Sihanouk comme nouveau roi. Le 9 Mai 1945, un coup de force japonais met fin à la domination française, mais la capitulation nippone pousse le souverain a rappelé les français. Le 15 Octobre, le Général Leclerc entre à Phnom Penh. Durant la Guerre d'Indochine, le Cambodge est menacé par le Viet Minh et ses alliés Khmers Issarak, mais est, des trois pays de l'Indochine française, celui qui souffre le moins de la guerilla indépendantiste communiste. Finalement, Sihanouk parviendra à négocier un traité acceptable avec les français, et finira par proclamer l'indépendance en octobre 1953.

     7. Neutralité

Douze ans durant, Sihanouk pratiquera habilement une politique dite "de neutralité", et le pays connaîtra enfin une période de croissance et de prospérité. La construction de ports et d'aérodromes permettra également de rompre avec la dépendance traditionnelle vis-à-vis de Saigon. Mais en 1965, avec la reprise de la Guerre du Vietnam, la-dite neutralité est mise à mal et le Cambodge s'enferre dans un triple jeu dangereux avec ses voisins communistes, les Etats-Unis et la population locale. En 1967, le Premier Ministre de droite, Lon Nol, réprime durement un soulèvement paysan. Des organisations communistes clandestines se forment et prennent le maquis. En 1969, Sihanouk ne proteste ni contre les manoeuvres américaines sur le territoire cambodgien, ni contre l'entrée de 40 000 soldats nord-vietnamiens. La droite, favorable aux américains, met le feu aux poudres avant de renverser le chef d'état, alors en cure médicale en France, le 18 Mars 1970.

     8. République Khmère

La nouvelle équipe au pouvoir, menée par Lon Nol, proclame aussitôt l'abolition de la monarchie et rebaptise le pays "République Khmère". Désormais allié aux Etats-Unis, le Cambodge bascule dans la guerre. Tandis que les américains pourchassent les nord-vietnamiens, l'armée de Lon Nol se retrouve confrontée à la fois aux Viets et à la guerilla Khmère, armée et renforcée par les communistes. Entre 1965 et 1973, les B-52 américains larguent 2 756 941 bombes sur le territoire. Le pays est dévasté, et les guerilleros recrutent. En 1973, l'Armée Révolutionnaire du Kâmpùchea, dont les combattants sont appelés également Khmers Rouges et menée par Saloth Sâr, plus connu sous le nom de Pol Pot, contrôle 60% de la superficie du pays et 25% de la population. En cinq ans de guerre, plus de 650 000 personnes mourront, victimes des multiples bords en conflit. Puis, le 1er Janvier 1975, les Khmers Rouges lancent l'offensive finale. En 117 jours, ils se rendent maîtres du pays, et le 17 Avril, ils rentrent dans Phnom Penh.

     9. Khmers Rouges

Immédiatement après la victoire, les Khmers Rouges ordonnent l'évacuation de toutes les villes, les habitants, étant "invités" à retourner dans leurs villages pour travailler dans les champs. Cet exode forcé fait de nouveau des centaines de milliers de victimes. Tout ce qui pouvait évoquer la civilisation urbaine: industrie, écoles, hôpitaux, administrations, fut anéanti. La monnaie est abolie, ainsi que toute propriété privée. Les édifices religieux sont rasés, les moines pourchassés. Les intellectuels et les fonctionnaires (il suffisait de porter des lunettes ou un stylo) sont exécutés sommairement, ainsi que leurs familles, enfants compris. Les adolescents sont enrôlés, endoctrinés, et transformés en bourreaux. Le moindre prétexte est bon pour arrêter, torturer et assassiner les opposants au nouveau régime, communiste à la limite du nazisme. En l'espace de trois ans, 2 millions de personnes sont tuées ou portées disparues. Les Khmers s'auto-génocident. Khieu Samphan est officiellement le chef de l'état, mais l'Angkar tout puissant est dirigé par Pol Pot, fervent admirateur de Merx, Staline, et Hitler... Ce sera leur haine des vietnamiens révisionnistes, trop souples dans leur vision du socialisme, qui causera leur perte. Organisant des raids frontaliers, ils finiront par subir une contre attaque fulgurante, et en Décembre 1978, l'armée vietnamienne envahit le Cambodge et chasse les Khmers Rouges du pouvoir.

    10. Occupation et Reconstruction

Les Vietnamiens eurent l'intelligence d'installer des Cambodgiens au pouvoir (dont Hun Sen, un Khmer Rouge repenti) pour ne pas provoquer la population. Mais ils ne parvinrent pas à se débarasser des KR, dans le maquis, qui pour déstabiliser le nouveau régime se mirent à truffer le pays de mines antipersonnelles, mutilant sciemment un nombre considérable de paysans et d'enfants. En 1982, Sihanouk crée une armée royaliste, et un nationaliste de droite, Son Sann, monte son propre groupe armé. Finalement, lâché par l'URSS à l'effondrement du bloc soviétique, le Vietnam se retire du Cambodge, en 1989, après onze ans d'occupation. Le 23 Octobre 1991, des accords  de paix sont signés entre les quatre factions rivales, sous l'égide de l'ONU, qui investit 3 milliards de dollars pour relever le pays, et envoie 20 000 casques bleus et une cohorte d'ONG et d'hommes d'affaires. Le prince Sihanouk est accueilli triomphalement, tandis que Khieu Samphân manque d'être lynché. La scène politique est un désastre, chacun essayant de faire valoir ses droits. Il faut attendre Juillet 1997, pour que Hun Sen prenne le pouvoir en attaquant le deuxième Premier Ministre Ranariddh et en capturant des partisans royalistes. Pol Pot est arrêté le même mois, et mourra mystérieusement dans sa cellule un an plus tard. En 1998, Hun Sen remporte les élections, dites "libres et équitables", et donne des postes de députés à d'anciens responsables Khmers Rouges. Les tensions montent

     11. De nos jours

En 2004, le roi Norodom Sihanouk abdique à la surprise générale en faveur de son fils Norodom Sihamoni. Cela n'affecte guère Hun Sen, qui conforte son pouvoir aux législatives de juillet 2008. En 2009, il fête ses 24 ans en temps que Premier Ministre. Pendant ce temps là, à la frontière thaïlandaise, le temple Preah Vinear, classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO et attribué au Cambodge a ravivé les braises d'un conflit jamais éteint entre les deux pays voisins. Depuis le 4 Février 2011, les deux camps s'affrontent à l'arme lourde aux abords de l'édifice, dont une partie s'est effondrée. 15 000 personnes ont été évacuées.
Après 30 ans d'attente et de nombreuses difficultés, le procès des Khmers Rouges s'est ouvert le 17 Février 2009 à Phno, Penh. Cinq personnes seulement sont inculpées, à savoir Duch (ancien directeur du centre de torture S-21), Nuon Chea (bras droit de Pol Pot et idéologue du régime), Khieu Samphân (ancien chef d'état), Lend Sary et sa femme Leng Thirith (respectivement Ministre des Affaires Etrangères et Ministre des Affaires Sociales). Le procès est délicat, car de nombreuses personnes au gouvernement et dans l'armée étaient complices, et l'instabilité peut revenir à tout moment. Duch fut le premier à être condamné, à 35 ans de prison. Quant à l'avocat de Khieu Samphân, Jacques Vergès (86 ans), il aurait déclaré qu'il n'y a jamais eu de génocide au Cambodge". On croit rêver...



Capitale:  Phnom Penh
Superficie: 181 035 km²
Population: 14,4 M. d'hab
Densité:    725 hab./km²
Population Urbaine: 24%
Espérance de Vie:  62 ans
Fuseau Horaire: UTC +7h
Niveau de Vie: 64 $ /Mois
Taux d'alphabét.: 73,6%
Monnaie:     Riel (KHR)
Langue officielle: Khmer
Roi: Norodom Sihamoni
Premier Ministre: Hun Sen
Régime: Monarchie Constitutionnelle Elective

dimanche 20 janvier 2013

Saigon, c'est bon!




Vous aurez sûrement compris, depuis le temps et à la lecture de ce merveilleux blog, que Samia et moi ne sommes pas super fans des grandes villes, voire même des villes tout court, à quelques exceptions près. Il en allait de même pour Saigon, ou devrais-je dire Ho-Chi-Minh-Ville, que nous avons aux premiers abords comparé à Hanoi, le beau temps en plus bien évidemment. Néanmoins, nous avons vite changé d’avis, non pas à cause de la ville elle-même, qui dispose des désagréments habituels et inhérents aux mégapoles (trafic, pollution, surpopulation…), mais plutôt grâce à l’accueil qui nous a été réservé. En effet, dès le deuxième jour, nous avons été reçus par Liana, une expat franco-brésilienne installée en Asie depuis de nombreuses années, comme des ambassadeurs en visite diplomatique dans son superbe appartement. Cela nous a fait un bien fou, vous pouvez me croire !


















De notre nouveau quartier général, où nous avions la liberté d’aller et venir à notre guise car Liana travaillait et n’avait pas une minute à elle, nous avons pu parcourir en long en large et en travers les rues animées du premier arrondissement de la ville. C’est ainsi qu’au milieu du chaos urbain, nous avons pu trouver un petit parc charmant, une salle de jeux où Samia a pu jouer de la batterie et moi au basket, et un petit restaurant tenu par des vietnamiens de Hollande, proposant des mets savoureux à bon marché. Nous nous serons également détendus comme il se doit sur la terrasse de la maison, sirotant des bières fraîches plus que  bienvenues sous la canicule. Bref, la première halte vraiment reposante depuis notre arrivée au Vietnam, aussi loufoque cela puisse paraître.





















Notre hôtesse est partie aujourd’hui au Cambodge pour le boulot, nous laissant seuls en sa demeure. C’est vous dire la gentillesse et l’hospitalité de cette femme. Nous en avons donc profité pour organiser une Full Moon Party de plus de trois cents personnes chez elle, et nous n’avons que quelques verres cassés à déplorer… Je plaisante, bien sûr ! Nous n’étions que deux cents… Non, plus sérieusement, nous sommes allé voir un ami de la famille, Dai, sa charmante épouse Tho, et leur fils Clément, avec qui nous avons passé un agréable moment. Fils de cœur de ma marraine de cœur, Dai est juriste, et donne des cours de droits à Saigon, et également des conférences à Hanoi ou à Paris II. C’est une crème. Et après en avoir entendu parler des années durant, je suis heureux de l’avoir enfin rencontré.





Nous quittons le pays demain, en bus, à destination de Phnom Phen au Cambodge. Notre circuit vietnamien se termine donc paisiblement, avec le soleil, pendant que certains dont je ne citerai pas les noms (mais qui se reconnaîtront) s’amusent dans le froid et la neige… Franchement, c’est dégueulasse ! Mais je vous souhaite tout de même de belles batailles, de beaux bonhommes, et de bons moments. Bisous bisous, et à bientôt !