Voici
donc en léger différé le deuxième opus de nos aventures Kampotiennes, qui se
dissocie du premier uniquement pour l’alléger un peu, tant en termes de récit
qu’en quantité de photos. Vous aurez néanmoins compris que les palpitantes
péripéties que je m’en vais vous conter ont pris leur départ au même endroit,
dans cette ville idyllique qu’est Kampot, et que je vous recommande une
nouvelle fois chaudement.
A
17 kilomètres
à l’ouest de Kampot, sur la route de Sihanoukville, se trouve un petit village
de pêcheurs du nom de Nataya. Rien de bien passionnant jusque là, je vous
l’accorde, si ce n’est bien entendu le cadre merveilleux de cette côte demeurée
sauvage, ou bien si vous êtes vous-même enclin à taquiner le gardon, et que
vous n’avez pas peur de monter à bord d’un rafiot cambodgien démantibulé, au
milieu d’individus athlétiques tannés par le soleil et à l’allure de pirates…
Mais bon, ça, ça vous regarde. Non, tout l’intérêt de Nataya, du moins
l’essentiel, réside dans un somptueux resort
du même nom, de luxe évidemment, qui propose au voyageur fortuné un lieu de
choix pour passer des vacances aux petits soins du personnel fort prévenant.
L’hôtel
possède 24 chambres, réparties sur l’immense terrain en jolis bungalows, et
entourées de milliers de fleurs éclatantes et odorantes. L’établissement
propose en outre à ses clients moult activités plus alléchantes les unes que
les autres, à savoir un Spa intégralement équipé, une sublime piscine à
débordement donnant directement sur la mer, des activités nautiques de tous
genres, des concerts, voire même des balades équestres, car nous avons vu un
poulain se balader en liberté entre les tables… Vous l’aurez compris, c’est le
paradis des friqués. Qui plus est, une passerelle en bois d’une centaine de
mètres, agrémentée de deux paillotes flottantes, s’avance dans les flots et
permet d’assister à de magnifiques couchers de soleil sur fond d’azur. Nous n’y
serons restés au final que deux heures, juste le temps de siroter un cocktail
allongé sur des coussins, contempler la beauté du site et rêver que nous étions
des nantis. Après quoi nous avons boudé l’avancée sur pilotis, lui préférant un
bon gros rocher saillant de l’eau pour admirer le soir tombant, au milieu des
bateaux.
A
l’opposé, à une vingtaine de kilomètres
au sud-est de Kampot se trouve Kep. Créée en 1908 par les Français sous le nom
de Kep-sur-Mer, cette mignonne station balnéaire fut très prisée dans les
années 1960, et conserve le long de la corniche quelques vastes demeures
coloniales, rescapées de la folie destructrice des Khmers rouges. Délaissée
durant quelques décennies, Kep reprend vie aujourd’hui, notamment grâce à ses
restaurants de crabes, réputés comme étant les meilleurs au monde. Bien que
jolie, la ville ne nous a pas plus emballé que ça, ressemblant un peu trop à
notre goût à n’importe quelle station balnéaire française, envahie de
touristes, et peuplée de commerçants peu chaleureux, voire blasés. Nous n’y
avons passé qu’une après-midi, délaissant l’aller-retour en bateau sur Koh
Tonsay, la fameuse île aux Lapins, lui préférant le farniente de la plage et
les jeux avec les gamins locaux, pour ma part. Cela dit, c’était très bien,
hein !
« C’est
un peu court, jeune homme ! Vous auriez pu dire, ô dieux, bien des choses
en somme… » J’y viens, j’y viens, faites donc preuve d’un peu de patience
que diable ! Il est certain que la journée eut été un peu morne si nous
nous étions contentés uniquement de faire le trajet pour nous tremper les
doigts de pieds ! J’en conviens. C’est pourquoi _en intrépides aventuriers
que nous sommes, et une fois de plus sur les conseils de Benoît, notre nouveau
Belge préféré_ enfourchant notre fidèle monture mécanique, nous avons pris le
temps de nous promener dans les terres. C’est ainsi que nous sommes tombés sur
l’une des nombreuses grottes de la région, pompeusement appelées « sites
préhistoriques », et généralement surveillées par deux pauvres gardiens
qui tentent d’escroquer les touristes au passage. J’aurais pu m’énerver, une
fois de plus, mais j’ai décidé d’utiliser dorénavant leurs propres armes, à
savoir les sourires et les blagues… Et ça marche ! Incroyable, non ?
Nous sommes repartis de là copains comme cochons.
Après
quoi nous avons un peu galéré, roulant un certain temps dans une campagne
certes splendide, mais légèrement desséchée, et pour cause ! Nous avons
fini par tomber sur l’objet de nos recherches, qui n’était autre que « le
lac secret », gigantesque bassin de retenue que les khmers rouges avaient
créé pour assurer l’irrigation et l’approvisionnement en eau des environs.
Malheureusement, le chantier fut la cause de milliers de victimes, tuées à la
tâche, déportées ou noyées, et les habitants du coin, ayant la rancune tenace,
refusent catégoriquement d’utiliser l’eau du lac pour leur utilisation
personnelle ou l’irrigation des cultures, lui préférant d’autres sources, moins
abondantes et plus éloignées. Ici, le « devoir de mémoire » prend
tout son sens, malgré une certaine absurdité. Et cela n’empêche pas certains
riverains d’ouvrir des campings le long des berges, et de proposer des balades
en pédalo ! Pourvu qu’ils résistent, car le lieu est véritablement
enchanteur, malgré son histoire sordide, et il serait dommage de le transformer
en destination touristique de masse, comme partout ailleurs…
Nous
avons fini par quitter Kampot, non sans mal, et en changeant radicalement nos
plans. En effet, ce week-end ont lieu (sur 4 jours) les cérémonies funéraires
ultimes et la crémation de l’ancien roi Sihanouk. Le pays est donc en deuil,
tous les drapeaux sont en berne, et plus de deux millions de personnes sont
attendues à Phnom Penh pour l’évènement. Vous imaginez donc à quel point il est
sympathique de circuler dans le pays ! Mais bon, nous sommes arrivés sains
et saufs à Siem Reap, sans passer par Battambang, d’où nous allons pouvoir
visiter les célèbres temples d’Angkor. A la prochaine donc !
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