dimanche 3 février 2013

Kep et Nataya





Voici donc en léger différé le deuxième opus de nos aventures Kampotiennes, qui se dissocie du premier uniquement pour l’alléger un peu, tant en termes de récit qu’en quantité de photos. Vous aurez néanmoins compris que les palpitantes péripéties que je m’en vais vous conter ont pris leur départ au même endroit, dans cette ville idyllique qu’est Kampot, et que je vous recommande une nouvelle fois chaudement.





A 17 kilomètres à l’ouest de Kampot, sur la route de Sihanoukville, se trouve un petit village de pêcheurs du nom de Nataya. Rien de bien passionnant jusque là, je vous l’accorde, si ce n’est bien entendu le cadre merveilleux de cette côte demeurée sauvage, ou bien si vous êtes vous-même enclin à taquiner le gardon, et que vous n’avez pas peur de monter à bord d’un rafiot cambodgien démantibulé, au milieu d’individus athlétiques tannés par le soleil et à l’allure de pirates… Mais bon, ça, ça vous regarde. Non, tout l’intérêt de Nataya, du moins l’essentiel, réside dans un somptueux resort du même nom, de luxe évidemment, qui propose au voyageur fortuné un lieu de choix pour passer des vacances aux petits soins du personnel fort prévenant.





L’hôtel possède 24 chambres, réparties sur l’immense terrain en jolis bungalows, et entourées de milliers de fleurs éclatantes et odorantes. L’établissement propose en outre à ses clients moult activités plus alléchantes les unes que les autres, à savoir un Spa intégralement équipé, une sublime piscine à débordement donnant directement sur la mer, des activités nautiques de tous genres, des concerts, voire même des balades équestres, car nous avons vu un poulain se balader en liberté entre les tables… Vous l’aurez compris, c’est le paradis des friqués. Qui plus est, une passerelle en bois d’une centaine de mètres, agrémentée de deux paillotes flottantes, s’avance dans les flots et permet d’assister à de magnifiques couchers de soleil sur fond d’azur. Nous n’y serons restés au final que deux heures, juste le temps de siroter un cocktail allongé sur des coussins, contempler la beauté du site et rêver que nous étions des nantis. Après quoi nous avons boudé l’avancée sur pilotis, lui préférant un bon gros rocher saillant de l’eau pour admirer le soir tombant, au milieu des bateaux.









 













A l’opposé,  à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Kampot se trouve Kep. Créée en 1908 par les Français sous le nom de Kep-sur-Mer, cette mignonne station balnéaire fut très prisée dans les années 1960, et conserve le long de la corniche quelques vastes demeures coloniales, rescapées de la folie destructrice des Khmers rouges. Délaissée durant quelques décennies, Kep reprend vie aujourd’hui, notamment grâce à ses restaurants de crabes, réputés comme étant les meilleurs au monde. Bien que jolie, la ville ne nous a pas plus emballé que ça, ressemblant un peu trop à notre goût à n’importe quelle station balnéaire française, envahie de touristes, et peuplée de commerçants peu chaleureux, voire blasés. Nous n’y avons passé qu’une après-midi, délaissant l’aller-retour en bateau sur Koh Tonsay, la fameuse île aux Lapins, lui préférant le farniente de la plage et les jeux avec les gamins locaux, pour ma part. Cela dit, c’était très bien, hein !



 






 


« C’est un peu court, jeune homme ! Vous auriez pu dire, ô dieux, bien des choses en somme… » J’y viens, j’y viens, faites donc preuve d’un peu de patience que diable ! Il est certain que la journée eut été un peu morne si nous nous étions contentés uniquement de faire le trajet pour nous tremper les doigts de pieds ! J’en conviens. C’est pourquoi _en intrépides aventuriers que nous sommes, et une fois de plus sur les conseils de Benoît, notre nouveau Belge préféré_ enfourchant notre fidèle monture mécanique, nous avons pris le temps de nous promener dans les terres. C’est ainsi que nous sommes tombés sur l’une des nombreuses grottes de la région, pompeusement appelées « sites préhistoriques », et généralement surveillées par deux pauvres gardiens qui tentent d’escroquer les touristes au passage. J’aurais pu m’énerver, une fois de plus, mais j’ai décidé d’utiliser dorénavant leurs propres armes, à savoir les sourires et les blagues… Et ça marche ! Incroyable, non ? Nous sommes repartis de là copains comme cochons.




















Après quoi nous avons un peu galéré, roulant un certain temps dans une campagne certes splendide, mais légèrement desséchée, et pour cause ! Nous avons fini par tomber sur l’objet de nos recherches, qui n’était autre que « le lac secret », gigantesque bassin de retenue que les khmers rouges avaient créé pour assurer l’irrigation et l’approvisionnement en eau des environs. Malheureusement, le chantier fut la cause de milliers de victimes, tuées à la tâche, déportées ou noyées, et les habitants du coin, ayant la rancune tenace, refusent catégoriquement d’utiliser l’eau du lac pour leur utilisation personnelle ou l’irrigation des cultures, lui préférant d’autres sources, moins abondantes et plus éloignées. Ici, le « devoir de mémoire » prend tout son sens, malgré une certaine absurdité. Et cela n’empêche pas certains riverains d’ouvrir des campings le long des berges, et de proposer des balades en pédalo ! Pourvu qu’ils résistent, car le lieu est véritablement enchanteur, malgré son histoire sordide, et il serait dommage de le transformer en destination touristique de masse, comme partout ailleurs…





  



Nous avons fini par quitter Kampot, non sans mal, et en changeant radicalement nos plans. En effet, ce week-end ont lieu (sur 4 jours) les cérémonies funéraires ultimes et la crémation de l’ancien roi Sihanouk. Le pays est donc en deuil, tous les drapeaux sont en berne, et plus de deux millions de personnes sont attendues à Phnom Penh pour l’évènement. Vous imaginez donc à quel point il est sympathique de circuler dans le pays ! Mais bon, nous sommes arrivés sains et saufs à Siem Reap, sans passer par Battambang, d’où nous allons pouvoir visiter les célèbres temples d’Angkor. A la prochaine donc !



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