dimanche 9 septembre 2012

Le Kérala


Jusqu’à présent, et en dehors du cas très spécifique d’Hampi, le Kérala est ce que nous avons vu de mieux en Inde. C’est simple, une fois passée la chaîne montagneuse qui sépare cette région du Tamil Nadu, les paysages, la faune, la flore et même les gens changent radicalement. Peut-être est-ce seulement un effet de la mousson, encore très présente à l’ouest du pays (elle devrait être finie, mais les dérèglements climatiques n’ont pas de frontières), tout paraît plus humide, et donc verdoyant, hormis le ciel, qui demeure gris.


Kumily se situe sur un plateau à mille mètres d’altitude, vallonné de centaines de collines et recouvert d’une jungle luxuriante. Nous nous y sommes arrêtés pour éviter (encore une fois) un trajet trop long, et je dois avouer que nous n’avons pas été déçus. C’est ici que se trouve l’entrée de la réserve naturelle de Periyar, réputée pour ses nombreuses activités. On peut effectivement choisir entre faire du trekking, des balades à dos d’éléphants, des safaris en jeep, et même du rafting ! Malheureusement, du fait de cette renommée, les tarifs connaissent des poussées de fièvre injustifiées, et la moindre rando coûte au moins un bras (du moins dans le cadre de notre budget limité).


Qu’à cela ne tienne, nous sommes tout de même partis en excursion, comme des grands et sans chaperon, dans la forêt qui nous tendait ses bras. Bon, on aurait pu mieux se préparer pour le coup, et ce n’était pas du tout rassurant. Avançant prudemment sur des chemins boueux, mille bruits nous assaillaient de toutes parts, sans que nous puissions en déterminer la provenance. Nous vîmes même à un moment bouger violemment un arbre gigantesque, et entendîmes des sortes de grognements puissants et caverneux. J’essayai de rassurer Samia, morte de peur, en lui disant que ce devait être un gros singe en train de s’amuser, mais nous apprîmes plus tard qu’il y a des ours dans cette satanée forêt ! Nous ne saurons jamais ce que c’était, mais je n’ai jamais entendu de singe produire de tels sons… Un kilomètre plus loin, nous eûmes le plaisir de voir deux énormes antilopes (genre hypotras, mais de la taille de chevaux de courses), jaillir des fourrés devant nous, bramer un cri sec de défi et détaler hors de notre vue. C’était exaltant. Le hic de cette balade, qui a fini de mortifier madame, fut la présence de petites sangsues sur le chemin, qui s’accrochaient aux paquets de boue que nous soulevions avec nos chaussures, et qui les remontaient tranquillement jusqu’à nos chevilles pour se gorger de notre sang. Très difficiles à enlever, ces bestioles !




La route de Kumily à Allepey est un véritable enchantement. Surtout que nous l'avons faite en compagnie d'un indien super sympa, Rajeesh, qui bosse avec des éléphants et nous a donné de précieuses informations durant tout le trajet. Le Kérala étant le plus grand producteur d’épices du pays, des centaines d’hectares de plantations recouvrent les collines avoisinantes. On y trouve de tout. Du thé principalement, mais également du café, du cacao, de la cardamone, du poivre, du cumin, du gingembre, et j’en passe… C’est un spectacle grandiose que d’évoluer au milieu de ces cultures, qui s’étendent à perte de vue. Puis c’est la descente. Vertigineuse. La route quitte le plateau, et s’engage à flanc de montagne dans une vallée abrupte, où coulent des myriades de cascades argentées (surtout après la pluie), et où les habitations s’accrochent désespérément aux parois, mais semblent tout de même vouées à se casser la gueule un kilomètre plus bas. Ici, point d’épices, mais une culture intensive d’hévéas. D’énormes raffineries de caoutchouc jalonnent la forêt rectiligne, tapissée de sacs plastiques destinés à recueillir la précieuse sève blanche.






Une fois sur la plaine, changement radical. On sort de la forêt pour arriver directement sur les backwaters, et les nombreuses rizières qui les entourent. Mais que sont ces fameux backwaters ? Ce sont en fait de vastes lagunes creusées par les courants, et dont les sables bouchent les estuaires des fleuves et des rivières. Des canaux artificiels relient entre elles ces lagunes, formant un immense réseau de voies aquatiques navigables et de lacs. C’est somptueux. Quelques routes balafrent ce paysage hallucinant, mais au final, ce sont les bateaux qui priment, de toutes les tailles et pour tous les goûts.






Surnommée « la petite Venise Indienne » (titre un tantinet usurpé d’ailleurs) Alleppey est une station balnéaire où il fait bon vivre. Certes, elle serait bien plus agréable si les canaux qui la traversent étaient aménagés en promenade, ou tout simplement nettoyés régulièrement, mais bon, on ne va pas se plaindre ; le cadre est délicieux. La particularité de cette petite ville, hormis de posséder quelques plages tout à fait charmantes, réside dans le fait qu’elle sert de point de départ aux nombreuses croisières dans les backwaters. Il s’y déroule également tous les ans une course de bateaux, le « Nehru Trophy Boat Race », que nous avons loupé apparemment à deux jours près… Dommage !








Nous ne nous sommes pas démontés pour autant, et à partir de notre sympathique guest-house, la Palmy Residency, nous sommes partis explorer les alentours. Refusant catégoriquement de passer une nuit dans l’un des fameux « house-boats » (pourtant fort alléchants mais décidément trop chers et extrêmement polluants pour cet environnement fragile), nous avons tout de même effectué une superbe balade en bateau, naviguant de lagunes en canaux et admirant des paysages à couper le souffle. Nous avons également marché toute une après-midi, remontant la côte et traversant de jolis petits villages fleuris de pêcheurs et quelques criques sauvages. C’était splendide. Et j'ai pu jouer au frisbee avec des gamins... Si nous devions conseiller une destination de vacances en Inde, ce serait sans aucun doute Allepey et ses environs.








Enfin, nous voici à Kochi. Composée de trois presqu’îles et de multiples petites îles, elle demeure une grosse cité industrielle, mais a su garder un certain charme, notamment à l’ouest, sur la presqu’île de Fort Cochin. La diversité des styles et des architectures témoigne d’une cohabitation de plusieurs siècles entre hindous, chrétiens, juifs et musulmans. En effet, tout d’abord port de pêche on ne peut plus traditionnel, Kochi se vit tour à tour devenir escale de l’armada chinoise, comptoir commercial arabe, puis portugais (grâce à Vasco de Gama, qui y mourut de la malaria en 1524), avant que ces derniers se fassent expulser par les hollandais, qui finalement la cédèrent aux anglais ! Saint François Xavier y implanta même une mission. Fascinant, n’est-ce pas ? On y trouve également une communauté juive sur le déclin, mais disposant d’une belle synagogue… sans rabbin. Donc, en gros, on peut dire que c’est joli, mais que c’est sacrément le bordel ici. Mais cela nous aura au moins permis de rencontrer Claudette et Andy, un couple de jeunes anglais forts sympathiques, grands amateurs de bons vins et de fromages. Comme quoi... 




L'un des fameux Chinese Nets
Prochaine étape : Gokarna. En train finalement, car l'avion en Inde, c'est pour les femmelettes, et que nous, on est des super warriors de la mort qui tue que rien n'effraie! Sauf Samia, qui a peur des ours, des tigres, des araignées et des petits insectes... Pfff, n'importe quoi!




4 commentaires:

  1. Chanmé le restaurant Bob Marley sponsorisé par Snickers. :-)

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  2. il fait quoi le gros lapin blanc au juste?

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    1. C'est une poubelle. Mais j'y vois plutôt une allégorie sociale sur la condition humaine en Inde. Une sorte de pont reliant le traditionalisme ambiant et le progrès dévastateur de l'ère industrielle...

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  3. je vais pas dire ce que je vois je vais encore passer pour l'obsédée de service

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