dimanche 6 octobre 2013

Katherine's Waterworld


Je vous avais laissé la dernière fois aux abords de Katherine, après vous avoir conté notre émerveillement face à la beauté des multiples panoramas et cascades du Litchfield Park. Le fait est que cette deuxième étape fut également riche en sensations fortes, et d’une certaine manière, encore plus intéressante que la première. Prêts pour en savoir plus ? Ok, alors Aziz, lumière !




A soixante kilomètres au nord de Katherine, à la limite méridionale du Kakadu, se situent les Edith Falls. Nous aurions pu nous arrêter en chemin, à l’aller, mais de sombres nuages menaçaient de gâcher notre plaisir, et nous décidâmes donc de pousser jusqu’à la ville, d’où nous y sommes retournés, deux jours plus tard. Cela dit, je vais commencer par là, afin de donner un semblant de logique chronologique et géographique à ce récit décousu. Bref, les cascades de la mère Edith, vous demandez-vous ? Tout simplement sublimes. Après nous être confortablement installés dans le « camping » soi disant payant, à l’ombre rafraîchissante d’un arbre géant, nous sommes allés nous baigner dans l’immense bassin, bordé par les hautes falaises du plateau qui le surplombe. Toujours pas de croco, mais nous y vîmes des tortues au faciès étrange, ainsi que de curieux oiseaux gris reproduisant les bruits de leur environnement dans une trentaine de trilles différentes, notamment les cris des crapauds, le froissement des feuilles, ou encore l’écoulement de l’eau. A la fois fascinant et extrêmement déroutant ! Autre évènement marquant : une colo avait envahi les lieux, et tandis que des ados hurlaient en tous sens, une gamine est tombée d’un rocher et s’est fracturée la jambe. L’animateur, un poil dépassé, a tout de même traversé le lac à la rame dans une frêle embarcation, afin d’apposer une attelle de fortune sur la malheureuse, et la ramener sur la terre ferme en attendant l’ambulance… « C’pô facile t’les jours, avec ces niaiseux », dirait Céline Dion de son bel accent.









Au dessus de ce premier bassin, un chemin remonte le cours de la rivière vers ce qu’ils appellent « la piscine supérieure », en réalité un enchevêtrement de bassins, trous d’eaux et cascades, dans un décor apocalyptique de roches rouges et noires, éclatées, érodées, parsemé ça et là d’arbustes rabougris, mais dont la vue d’ensemble demeure grandiose. Nous y avons au moins passé quatre heures, barbotant comme des gamins dans l’eau claire et tempérée, sautant comme des cabris de rochers en rochers, ou plongeant pour ma part de tous les promontoires accessibles en escaladant. Le rêve… En amont, j’ai pu constater que la rivière recelait d’autres plans d’eau dans ses méandres, mais il m’aura fallu attendre le lendemain pour aller les explorer, seul, car Samia était fatiguée suite à une petite insolation. C’est alors que j’ai découvert un petit vallon encaissé, paradisiaque, que le pied de l’homme a rarement du fouler, et où l’eau s’écoule gaiement, insouciante des turpitudes du monde et de notre folie dévastatrice. J’y suis resté des heures, perdu dans la contemplation de la beauté brute de la nature, de sa force latente, patiente et immortelle. J’aurais pu y demeurer des années, mais il nous fallait rejoindre la civilisation, et le jour suivant, nous revînmes à Katherine.





 
















Samia n’a pas aimé Katherine, tandis que j’ai adoré. Enfin, c’est peut-être un bien grand mot, mais il est vrai que cette petite ville provinciale possède un charme palpable. Sûrement grâce à la rivière qui la traverse, dont chaque portion que nous avons pu découvrir est un bijou de quiétude, de fraîcheur et de beauté. Ici aussi, comme partout ailleurs, des panneaux d’avertissement déconseillent la baignade en raison des crocodiles, mais nous n’en avons vu aucun, et l’appel de l’eau est toujours le plus fort. Nous nous sommes donc baignés sans pouvoir nous arrêter à Fort Crossing, Low Level (et sa colonie de milliers de chauves-souris géantes), ou encore aux Hot Springs, ces dernières se révélant être une seule source d’eau certes tiède, mais limpide et fort agréable, s’écoulant paresseusement au milieu d’une végétation dense avant de rejoindre le cours d’eau principal. C’est là que nous avons retrouvé avec bonheur Laurie et Stéphanie, les deux déjantées sans peur ni reproches. Laurie bossait en woofing pendant un temps dans un ranch, pour un dresseur de chevaux réputé, tandis que Steph entamait son service pour le seul bar de la ville, repère d’aborigènes bourrés (bien plus effrayants qu’à Darwin) et de cow-boys esseulés l’après-midi, avant de se transformer en simili boîte de nuit pour adolescents en chaleur la nuit. Tout un poème. Nous sommes restés quelques jours avec elles, car ces demoiselles avaient hérité d’un immense appartement, pour une bouchée de pain, disposant d’une grande cuisine équipée, d’une vraie salle de bain, et de la clim… Leur proposition de nous héberger un temps tomba qui plus est à pic, car notre frigo venait de tomber en rade, pour notre plus grand malheur, et le leur sauva bon nombre de nos denrées périssables, en plus de glacer nos bières. Encore merci, les filles, nous nous sommes bien amusés, et avons grandement apprécié votre accueil.





 







Quelques jours plus tard nous rejoignaient Paul, Audrey, et leur pote Ludo, partis de Darwin après nous. Les retrouvailles furent chaleureuses, encore une fois dans les eaux calmes de Hot Springs, suite à quoi nous avons fait nos adieux aux filles, avant de nous rendre non loin de là aux fameuses Katherine Gorges. Etalée sur plusieurs kilomètres, une succession de treize gorges offre à ses visiteurs un paysage atypique, à couper le souffle. Ayant convenu que le tour en hélicoptère ou la croisière en bateau étaient définitivement trop onéreux, nous avons opté pour des canoës doubles, Ludo restant malheureusement en retrait. Et nous sommes partis, une fois de plus sous le cagnard, remonter le courant de la rivière, encadrés par des falaises au fur et à mesure plus hautes et plus resserrées. Ce fut vraiment une belle promenade, même si nous avons au final un peu forcé la cadence. Toujours désireux d’aller plus loin, de découvrir le paysage suivant, au détour d’un virage supplémentaire, nous avons à mi chemin traversé une portion à sec pour emprunter d’autres canots et poursuivre notre ballade. Mais il s’est avéré au retour que des comiques avaient échangé l’un de nos deux canoës contre deux kayaks simples, et après que les filles aient tenté de ramer de concert, sans succès, préférant slalomer dans les largeurs, nous nous sommes encordés les uns aux autres pour pouvoir les tirer. Enfin, surtout Paul il faut dire. De retour au point de départ avec seulement cinq minutes de retard, nous nous sommes entendus dire que nous n’avions pas le droit d’emprunter le second tronçon, et que nous avions parcouru en une demi journée l’itinéraire normalement prévu pour une journée complète. Si ce n’est pas de l’exploit, ça !





















Puis nous avons repris la route, et après une courte halte à Katherine, pour refaire le plein d’essence, d’eau et de provisions, nous nous sommes lancés sur la Victoria Highway, autrement dit la route de l’ouest, à l’assaut de Kununura et des mystérieuses contrées du Kimberley. Mais ça, c’est une autre histoire, et comme il se fait tard ce soir, je vous propose de revenir en ces pages prochainement, pour découvrir les véritables péripéties qui nous attendaient plus loin. Et croyez moi, cela vaut le détour ! A bientôt donc !




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