jeudi 4 juillet 2013

Darwin


Salut à tous ! Cela fait trop longtemps que je ne vous ai donné signe de vie, et je m’en excuse, mais vous comprendrez que notre nouveau style de vie et les contraintes qui en découlent (notamment en matière de connexion internet), ne me facilitent pas la tâche, loin de là. Attendez-vous d’ailleurs à ne recevoir plus qu’un article toutes les trois ou quatre semaines, et ce pendant toute la durée de notre séjour en Australie, même si cela me fend le cœur (et le votre également j’en suis sûr). Ce petit désagrément mentionné, nous pouvons dorénavant aborder pleinement ce pourquoi vous lisez ces lignes, à savoir… Darwin ! Ou nos premières impressions sur « The Great Oz ».




Tout d’abord, notre arrivée… épique… Après un départ mouvementé et amer de Bali, quelques heures de vol de nuit sans pouvoir se reposer, et un atterrissage à 3h du matin (en comptant deux heures de décalage), il nous aura encore fallu attendre que la ville se réveille, en tentant désespérément de trouver le sommeil à même la moquette de l’aéroport. Sans grand succès, il faut l’avouer. Après quoi nous avons partagé un taxi avec un jeune Japonais qui semblait aussi paumé que nous, afin de rejoindre le centre-ville et trouver une « backpack accomodation », autrement dit une gigantesque auberge de jeunesse offrant des lits superposés en dortoirs de quatre à six personnes, pour la « modique » somme de 33$ ou 40$. La recherche fut un calvaire… Nous avons passé quatre heures à sillonner la ville en tous sens, sous un soleil de plomb et une température avoisinant les 40°, pour entendre partout _ soit une douzaine d’endroits_ qu’ils affichaient complet. Ce n’est qu’à force de persévérance, et en revenant une troisième fois au même établissement, que nous avons fini par dégotter deux lits. Mais ce n’était pas fini, loin de là ! Nous avons du changer de dortoir le lendemain, puis de Backpack deux jours plus tard pour enfin respirer sans songer au toit sous lequel nous allions dormir la nuit suivante. Le fait est que nous sommes arrivés en pleine saison sèche dans le Nord, et que le reste du pays est en proie à un hiver froid, faisant fuir la plupart des jeunes routards vers Darwin. La compétition s’annonçait donc déjà rude !



 


C’est ainsi que nous avons découvert le monde merveilleux des backpackers australiens, ainsi que ses travers, que nous fuyons désormais comme la peste. Premièrement, c’est un monde de jeunes célibataires. La moyenne d’âge avoisine les 20/25 ans, et même si la matinée est consacrée pour la majorité à la recherche d’emploi ou au boulot proprement dit, le reste de la journée voit défiler beuveries monumentales, parades nuptiales de kékés tatoués et bodybuildés faisant rouler leurs pecs huilés ; ou de jeunes blondes écervelées à forte poitrine laissant déborder leurs fesses graisseuses de leurs mini-shortys. Il faut savoir également que tout backpack qui se respecte dispose d’une piscine, d’un bar géant, d’une cuisine commune et d’un « sun deck » (solarium). Vous imaginez donc bien l’ambiance un tantinet plagiste ou de jeunes bellâtres se pavanent en maillots de bain, un pichet de bière à la main, pendant que la sono crache le dernier tube de fusion pop/house/R’nB à la sauce guimauve, et que des pintades décolorées gloussent de concerts en admirant la tension du tissu à l’avant du maillot susmentionné ? Parfait, vous êtes à Darwin, sur Mitchell Street. Heureusement que le reste de la ville ne correspond pas à cette description…







Les jours suivants furent consacrés d’une part aux démarches administratives, indispensables à notre séjour, telles que l’ouverture de comptes à la banque, l’inscription au bureau des impôts, la réécriture de nos CV à la mode australienne, et d’autre part à la recherche active d’un véhicule. Après avoir écumé toutes les annonces de vente dans la majorité des backpacks de la ville, il s’est avéré que notre coup de cœur est allé au deuxième que nous aurons visité : un camper van Mitsubishi certes un peu vieux, avec pas mal de kilomètres au compteur, mais en excellent état technique, entièrement équipé, et très bien aménagé (qui plus est à 3000 $ !!). Surtout que nous avons eu un excellent feeling avec le vendeur, Baptiste (et son coéquipier Benjamin), avec qui nous avons pris par la suite le temps de sympathiser… Bref, l’achat s’est fait relativement vite, et nous avons pu quitter le backpack pour investir ce merveilleux habitacle (nommé Mushi), et enfin, poser nos affaires pour un lonnnnng moment. Un vrai bonheur.




 



A partir de là, et après un temps d’acclimatation afin d’apprivoiser la bête, nous nous sommes retrouvés à partager la vie des roulards, ou devrais-je dire des gitans, présents en masse à Darwin. Autant dire que bien que fatigante, cette vie est assez fascinante, et qu’elle me convient à merveilles. Certes, il faut trimballer sa maison trois ou quatre fois par jour, de parkings gratuits en emplacements tolérés en journée, mais une fois le rythme adopté, on s’y fait aisément. Par exemple, après avoir dormi dans une allée déserte du port, il nous faut nous déplacer une première fois pour aller prendre une douche et le petit-déjeuner, puis nous allons à la bibliothèque municipale, afin de bénéficier d’une connexion wifi gratuite et chercher des annonces d’emploi, pour enfin nous rendre au Woolworth ou au Coles ( les supermarchés locaux) avant de nous poser à Mindil Beach ou East Point, deux merveilleuses plages disposant de sanitaires publiques, où notre petite communauté (française essentiellement) se retrouve quotidiennemnt. Sans parler des marchés de nuit qui se tiennenent tous les jeudis et dimanches à Mindil... Oui, c’est assez spécial comme vie, j’en conviens, mais pas déplaisant.














Cela a surtout été l’occasion pour nous de rencontrer des gens formidables, tels que Baptiste et Benjamin, mentionnés plus haut, manouches intrépides, musiciens émérites et baroudeurs de l’extrême, Ben et Lilou, un couple Grenoblois bien roots comme on les aime, amis de Léo (que nous avions rencontré à Luang Prabang au Laos), Julien et Sylvain, deux routards très sympathiques en stand-by, attendant leurs potes et dulcinées, Jérémie et Cadrouche (une Kosovar), un charmant couple en vadrouille accompagné de leur merveilleuse petite Emilie, avec qui j’ai allègrement retrouvé mes quatre ans ; ou encore Aaron, un Aussie pur jus, multi instrumentiste talentueux bien décidé à faire le tour du monde à vélo pendant trois ou quatre ans. C’est avec eux que nous aurons appris les ficelles de la gitanerie australienne, dans une ambiance bon enfant, pleine de solidarité et de partage, essentiellement à Mindil Beach les Bains. Ils méritent donc amplement que je leur offre un paragraphe de remerciements.



 






La deuxième team que nous avons rencontré est également assez haute en couleurs, étant donné que nombre de ses membres sont fous. Vous comprendrez donc aisément pourquoi je les ai bien aimé… Notamment Jonas et Clara, deux boutes-en-train marseillais, charmants et charmeurs, et qui plus est extrêmement généreux. C’est Jonas, qui possédant de bonnes notions en mécanique, a assuré le check-up de notre cher Mushi, nous confirmant que ce dernier tiendrait la route (Alors fais gaffe à toi espèce de rascasse ! Si le bastringue nous lâche, je viendrais t’esquicher de si près que tu seras mouche-mouche en deux-deux, fada de gros vié !). Ou encore Colas et Nico, les gitans de l’impossible, très drôles et complètement tarés dans des styles très différents. Tim et Justine également, un couple de bons vivants qui nous auront bien fait rire et appris de nouveaux pas de salsa. Justine s’est aussi chargée de faire souffrir les filles trois fois par semaines en improvisant des séances de fitness sur toniques et interminables. Sans oublier Julie et son poum-poum short, et son amie Fabienne, partie sur une île pour un boulot de rêve... Ou Michaël le prof de guitare, et sa chérie Fatima, ou Alice et Zoé… Un beau petit monde en somme, avec qui nous avons partagé de très bons moments, d’excellents barbecues, quelques beuveries notoires et de nombreux fous rires, d’autant plus quand Sylvain et Julien se sont joint à la bande. A tous, je vous dis donc merci les amis. Bonne route ou bon retour à certains, et à tout à l’heure pour les autres !


 



















(Merci à Tim et Justine pour leurs photos)

Darwin est une ville agréable. A l’extrême nord du pays, sur une côte déchiquetée en péninsules, anses et presqu’îles bordées de mangroves, elle s’étend sur de nombreux kilomètres et dispose de magnifiques parcs verdoyants, de places ombragées et de marinas attrayantes. Bon, en tant que camper vanners, nous ne sommes pas forcément les bienvenus partout, mais mis à part quelques rudes australiens grincheux et mécontents, la plupart de ceux que nous avons rencontré jusqu’à présent étaient gentils, aimables et souriants. La faune y est aussi très intéressante : quantité d’espèces d’oiseaux se partagent le ciel, mais les maîtres incontestés en sont les rapaces. Je n’ai su déterminer s’il s’agit d’éperviers ou de faucons, mais quoi qu’il en soit, ils pullulent, offrant au regard de splendides ballets aériens, des combats tournoyants ou des courses poursuite effrénées. Nous avons aussi vu nos premiers wallabies, assez craintifs, et avons sympathisé avec un opossum amical et amateur de melon, que j’ai baptisé Raoul. Nous aurions aimé nous baigner, mais il est déconseillé de se tremper plus que les orteils, en raison des crocodiles de mer et des dangereuses méduses boîtes, mortelles pour certaines. Nous n’avons pas encore eu le privilège d’en voir de nos yeux, mais aussi téméraire sois-je, je dois avouer ne pas être particulièrement pressé.














La grosse déconvenue demeure tout de même les Aborigènes, ou les Abos comme on dit ici. Je ne sais pas si j’avais sublimé ce peuple austral aux traditions millénaires, mais leur vue me laisse encore aujourd’hui un profond malaise. A l’instar des Amérindiens, les Abos se sont fait submerger par une civilisation que beaucoup n’ont su (ou pu) accepter. Et nombre d’entre eux marchent encore pieds nus, hagards, et complètement bourrés. Le gouvernement leur donne apparemment 25 000 $ « d’indemnité raciale » par an, que la plupart utilise pour s’acheter alcool et tabac. Ils se réunissent donc en groupe dans les parcs, et passent leurs journées à se mettre la tête à l’envers, hurlant des obscénités et se frappant violemment régulièrement. Quand ils n’essaient pas de nous voler nos bières, ou tout autre objet à portée de main lorsque l’on sort la table de camping. C’est d’une tristesse infinie, et j’espère vraiment en rencontrer de plus « authentiques », ou du moins non alcoolisés, ce qui ne semble pas gagné…






Cela fait deux semaines que nous cherchons du boulot, et là non plus ce n’est pas gagné. Le mythe de l’Eldorado australien, aux jobs faciles et bien payés, est en train de s’effriter. Il en existe toujours, pour sûr, mais les nombreux backpackers, attirés comme nous par l’appât du gain, se les arrachent aussitôt que l’occasion se présente, et les CV s’entassent dans les boîtes d’intérim. Mais nous ne désespérons pas, loin de là. Tout d’abord, Samia a commencé le Busking, autrement dit à jouer dans la rue, et ça marche vraiment pas mal ! Ce sont essentiellement les salariés australiens qui donnent, à l’heure du déjeuner, sans parfois même s’arrêter pour l’écouter, mais elle fait néanmoins une performance d’enfer, et enchante les passants de sa voix magnifique. Le reste du temps, elle passe les annonces au peigne fin, proposant ses services en tant que prof de chant ou animatrice, ou pour faire des ménages ou de l’accueil. Croisons les doigts pour elle ! De mon côté, bien que je n’en avais aucune envie, j’ai commencé à postuler dans des restaurants en tant que serveur, et j’ai décroché deux essais. Le premier avait pourtant porté ses fruits, mais j’ai tout misé sur le deuxième, beaucoup plus intéressant à tous les niveaux, où j'ai finalement été pris. Me voici donc dorénavant serveur attitré au restaurant chic "Il Lido"! C’est notamment pour cette raison que nous avons décidé de rester tout l’été à Darwin avant de prendre la route de la côte Ouest, en plus du climat évidemment, qui nous convient parfaitement jusqu’à présent.








Je ne sais quand je pourrai prendre le temps d’écrire l’article suivant, je vous remercie donc de bien vouloir vous armer de patience, vous embrasse, et vous dis : A la prochaine !






5 commentaires:

  1. Bon ben ca a l'air cool tout ca, bordel de cul.

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  2. C'est pas trop tôt ! Je commençais à me demander si vous n'aviez pas été mangés par un kangourou.

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    1. Non, ce serait même l'inverse en fait :) Ils sont un peu forts en bouche, mais très savoureux...

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  3. Trop top la suite de vos aventures. Profitez un max. Bises chiliennes.
    Laura

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