Hum… Bon… Bin c’est pas la fête… Enfin, ça va mieux maintenant,
hein… Beaucoup mieux même ! Mais disons que nous venons de passer, encore
une fois, un sale moment. Une sale période même ! C’était tout pourri,
comme aime le souligner Samia, au moins quinze fois par jour, comme ça, juste
histoire de… Bref… Les événements que je m'en vais vous conter sont déjà vieux
de trois semaines/un mois, mais il est essentiel d'en prendre connaissance pour
comprendre ce qu'il s'est passé ensuite.
Je vous avais laissé dans le dernier
article aux portes de Broome, alors que nous repartions en maraude, confiants
et sereins, insouciants… crétins. Munis d’une nouvelle pompe à essence, nous
nous sommes remis en route, en direction de Port Hedland, mais au bout de 150
kilomètres environ, une odeur de brûlé, de plus en plus persistante, vint
chatouiller nos narines. Nous ne nous sommes pas alarmés
immédiatement, mais lorsque de la fumée s’est échappée de l’autoradio, que
tous les voyants du tableau de bord se sont mis à clignoter furieusement, et
que les essuie-glace ont commencé à danser la gigue, nous avons bien du
admettre qu’il y avait peut-être un problème, et que nous ferions mieux de nous
arrêter sur le bas-côté. Plus de contact. Nous étions de nouveau en panne au
milieu du désert. La misère sa mère…
Sauf que cette fois, la panne était un tantinet plus grave. En
effet, l’odeur de brûlé provenait en fait de nos deux batteries, qui avaient
complètement cramé. De la fumée s’échappait d’à peu près toutes les
connectiques, la batterie principale projetait encore des jets d’acide, tandis
que la deuxième s’était déjà vidée, brûlant tout le bois et le contreplaqué du
caisson autour d’elle… Fusillée également, notre pompe à essence électrique
flambant neuve ! A quarante kilomètres de la road house la plus proche
(cela aurait pu être pire), sans réseau téléphonique, nous étions dans la
merde. Mais la belle merde, hein ! Un gros caca de compèt ! La bouse
ultime d’une vache gavée au jus de pruneaux ! Fort heureusement, nous
avons eu de la chance dans notre malheur. En effet, nous sommes tombés sur des
gens adorables, qui les uns après les autres nous sont venus en aide,
spontanément. Tout d’abord, un jeune mécano du nom de Will s’est arrêté, et est
resté plus de deux heures en notre compagnie, à tenter de bricoler notre moteur
pour que nous puissions au moins avancer jusqu’à la prochaine ville. Sans
succès, certes, mais il aura essayé… Il nous aura également permis d’appeler
notre assistance dépannage, qui ne nous proposait qu’un remorquage à 1600 $, au
vu de la distance à parcourir. Ce qui était hors de question évidemment. Nous
avons donc conçu un plan B.
Après une nuit passée au bord de la route, nous avons essayé de
stopper des véhicules, pour qu’ils nous remorquent jusqu’à la road house de
Sandfire. Seulement, nous n’avions qu’une petite sangle de rien du tout, bien
insuffisante pour tracter un gros pépère comme Mushi ! Se sont arrêtés
alors un Néo-zélandais, qui voulait bien nous aider, mais qui avait peur de
flinguer sa bagnole de location, puis un chauffeur de road train, qui nous a
donné comme ça, gratuitement, une longue et solide sangle pouvant supporter
plusieurs tonnes, ainsi qu'un bidon d'eau de 5 litres. Samia est donc montée dans la voiture du Kiwi, pendant que je
m’escrimais à maintenir la tension de la corde sur quarante kilomètres. Ce n’est
pas génial, la première fois, je déconseille vivement… Arrivés à Sandfire, nous
avons pu joindre Paul et Audrey, qui étaient restés à Broome, et leur avons
demandé de nous rejoindre, en ayant racheté au préalable une batterie et une
fuel pump de rechange (au final, notre garagiste leur a filé cette dernière gratos). Dès le
lendemain, nos sauveurs nous rejoinrent, et je pus changer les pièces, après
que les gentilles dames édentées de la road house nous aient fait payer une
douche à moitié prix, et offert de quoi manger. Nous étions sortis
d’affaire !
Mais non. Au bout de 150 bornes environ, le même problème survint
de nouveau, cramant les nouvelles pièces, et nous dûmes nous rendre à
l’évidence : l’alternateur était mort, et surchargeait tout le système
électrique. Après avoir harnaché Mushi au van des copains, ces derniers nous
ont tant bien que mal tiré sur 150
kilomètres , jusqu’à Port Hedland. Encore une fois,
démerdez vous autrement si vous le pouvez, car c’est une expérience indéniablement traumatisante, qui requiert une concentration absolue. En gros, ça m’a lessivé. De même que Paul, qui conduisait devant. Et nous n’étions pas au
bout de nos peines, puisque arrivés en début de week-end, nous devions attendre
le lundi suivant pour trouver un garage. Immobilisés, moroses et dépités, nous
avons qui plus est regardé partir encore une fois nos amis, et nous sommes donc
de nouveau retrouvés seuls. La tristitude ultime, Opus 2… Puis nous avons
démarché des garages, et le seul qui pouvait nous recevoir rapidement se
situait à 20
kilomètres de là. Nous dûmes donc faire appel (Encore !) à notre road
assistance, qui cette fois accepta de nous envoyer un dépanneur gratuitement
(Encore heureux…). Le mec, un gros Maori comme on en voit parfois ici, était
très sympa. De même que les types du garage d’ailleurs… au début… Ils le
devinrent beaucoup moins quand nous apprîmes qu’ils facturaient 160 $ de
l’heure.
Le garage disposait d’une salle d’attente « de luxe »,
dans laquelle nous avons pratiquement séjourné trois jours durant. On ne va pas
se plaindre des conditions : clim, cuisine équipée, toilettes, douches, canapés
confortables et télé gigantesque, seulement, trois jours… c’est long ! Il
leur a fallu en fait toute la matinée du premier jour avant qu’ils puissent
s’occuper de nous, et tout l’après midi pour checker Mushi, établir un devis,
et nous annoncer qu’il faudrait attendre le lendemain pour recevoir un nouvel
alternateur. Là où ils ont été cool, c’est qu’ils nous ont remorqué derrière le
garage à la nuit tombée, en laissant une grille entrouverte pour que nous
puissions profiter de la salle de bains. La deuxième journée fut sympa, bien
qu’un peu longuette, car nous fûmes rejoints par des connaissances rencontrées
à Broome, qui avaient également des soucis de van. En fin d’après-midi, nous
étions parés, l’alternateur et les batteries changées, une énième pompe à
essence installée, et une facture de 1192 $ payée (Aaaaaarrrghhh !). Mais
bon, la sérénité n’a pas de prix, et puis c’est le jeu, quand on achète un
véhicule en Australie. Le problème, c’est que deux heures plus tard, nous
cahotions au bord de la route, comme au tout début de cette histoire sans fin.
Nous dûmes donc revenir, le troisième jour, pour entendre dire au
bout de cinq heures et après avoir déboursé 330 $ supplémentaires, qu’il
fallait changer le carburateur, mais que cela prendrait une semaine pour le
faire venir de Perth, et que de toute façon ils ne pourraient pas le faire, ne
s’occupant que de véhicules Diesel… La blague... je dois vous avouer qu'à ce moment précis, nous étions un peu désemparés, déboussolés et encore plus dépités. Néanmoins, quelque chose de positif s'est alors produit. En effet, durant les cinq heures passées sur notre carbu, les garagistes en avaient tout de même profité pour nettoyer les arrivées d’essence, la
tuyauterie, et sûrement d’autres machins compliqués, et sans même le savoir ont en partie réglé le problème. Ou alors ils le savaient, étaient foncièrement malhonnêtes, et ont essayé de nous la mettre bien profond. Au choix... Quoi qu'il en soit, Mushi n’a plus
bronché par la suite. Bon, nous étions toujours dans le doute, alors, après avoir roulé une centaine de kilomètres en
ville, et n’en pouvant plus de Port Hedland, ses usines, et ses multitudes de
« sandflies » qui nous bouffaient toutes les nuits, (d'ailleurs, elles ne vous bouffent pas ces saloperies. Apparemment, elles vous pissent dessus, et cela vous démange pendant des jours, à vous gratter jusqu'à l'os!), nous avons décidé de tenter le coup.
Sautant le fameux Karijini Park pour plus de sécurité, nous avons filé directement le long de la côte vers Karatha. Ce furent les 240 kilomètres les plus longs jamais parcourus, avec toujours cette appréhension de retomber en panne. Mais finalement, nous l'avons fait. Mushi a tenu bon. Samia désirait attendre encore un peu, et tenter de rencontrer d'autres garagistes, mais je pressentais que le problème serait le même, qu'il faudrait patienter indéfiniment et raquer nos mamans. Donc, jetant mes derniers atouts dans cette partie inégale et statistiquement en notre défaveur, j'ai tenté le tout pour le tout, et nous avons pris la route du sud, soit plus de 500 bornes sans ville, sans garage, sans chemise et sans pantalon... Sans rien en fait. Grand bien nous prit, car j'ai remporté la bataille! C'est un miracle que le van ait tenu jusque là, mais cela nous a au moins permis de rattraper un peu notre retard, de retrouver complètement par hasard nos potes Max et Caro sur une rest area, au cœur de la nuit, puis de rejoindre Exmouth et d'y retrouver pour la cinquième fois Paul et Audrey! Un sacré périple, non? Et bien je peux vous dire aujourd’hui que je ne suis pas prêt à recommencer de sitôt! M'enfin, c'est passé, et comme je vous le disais en intro, cela va beaucoup mieux maintenant. D'ailleurs, je vous invite à patienter juste un peu avant de lire l'article suivant, beaucoup plus festif et plein de bonnes surprises! A tout de suite!
Tu m'as l'air sacrément calé en mécanique maintenant, ça te dirais pas d'ouvrir un petit garage au bord d'une de nos belles départementales au retour ?
RépondreSupprimerPourquoi pas? Je garde l'idée sous le coude en tous cas...
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