Salut à tous ! Cela fait trop longtemps que je ne vous ai donné signe de vie, et je m’en excuse, mais vous comprendrez que notre nouveau style de vie et les contraintes qui en découlent (notamment en matière de connexion internet), ne me facilitent pas la tâche, loin de là. Attendez-vous d’ailleurs à ne recevoir plus qu’un article toutes les trois ou quatre semaines, et ce pendant toute la durée de notre séjour en Australie, même si cela me fend le cœur (et le votre également j’en suis sûr). Ce petit désagrément mentionné, nous pouvons dorénavant aborder pleinement ce pourquoi vous lisez ces lignes, à savoir… Darwin ! Ou nos premières impressions sur « The Great Oz ».
Tout d’abord, notre arrivée…
épique… Après un départ mouvementé et amer de Bali, quelques heures de vol de
nuit sans pouvoir se reposer, et un atterrissage à 3h du matin (en comptant
deux heures de décalage), il nous aura encore fallu attendre que la ville se
réveille, en tentant désespérément de trouver le sommeil à même la moquette de
l’aéroport. Sans grand succès, il faut l’avouer. Après quoi nous avons partagé
un taxi avec un jeune Japonais qui semblait aussi paumé que nous, afin de
rejoindre le centre-ville et trouver une « backpack
accomodation », autrement dit une gigantesque auberge de jeunesse
offrant des lits superposés en dortoirs de quatre à six personnes, pour la
« modique » somme de 33$ ou 40$. La recherche fut un calvaire… Nous
avons passé quatre heures à sillonner la ville en tous sens, sous un soleil de
plomb et une température avoisinant les 40°, pour entendre partout _ soit une
douzaine d’endroits_ qu’ils affichaient complet. Ce n’est qu’à force de
persévérance, et en revenant une troisième fois au même établissement, que nous
avons fini par dégotter deux lits. Mais ce n’était pas fini, loin de là !
Nous avons du changer de dortoir le lendemain, puis de Backpack deux jours plus
tard pour enfin respirer sans songer au toit sous lequel nous allions dormir la
nuit suivante. Le fait est que nous sommes arrivés en pleine saison sèche dans
le Nord, et que le reste du pays est en proie à un hiver froid, faisant fuir la
plupart des jeunes routards vers Darwin. La compétition s’annonçait donc déjà
rude !
C’est ainsi que nous avons
découvert le monde merveilleux des backpackers australiens, ainsi que ses
travers, que nous fuyons désormais comme la peste. Premièrement, c’est un monde
de jeunes célibataires. La moyenne d’âge avoisine les 20/25 ans, et même si la
matinée est consacrée pour la majorité à la recherche d’emploi ou au boulot
proprement dit, le reste de la journée voit défiler beuveries monumentales,
parades nuptiales de kékés tatoués et bodybuildés faisant rouler leurs pecs
huilés ; ou de jeunes blondes écervelées à forte poitrine laissant
déborder leurs fesses graisseuses de leurs mini-shortys. Il faut savoir
également que tout backpack qui se
respecte dispose d’une piscine, d’un bar géant, d’une cuisine commune et d’un
« sun deck » (solarium).
Vous imaginez donc bien l’ambiance un tantinet plagiste ou de jeunes bellâtres
se pavanent en maillots de bain, un pichet de bière à la main, pendant que la
sono crache le dernier tube de fusion pop/house/R’nB à la sauce guimauve, et
que des pintades décolorées gloussent de concerts en admirant la tension du
tissu à l’avant du maillot susmentionné ? Parfait, vous êtes à Darwin, sur
Mitchell Street. Heureusement que le reste de la ville ne correspond pas à
cette description…
Les jours suivants furent
consacrés d’une part aux démarches administratives, indispensables à notre
séjour, telles que l’ouverture de comptes à la banque, l’inscription au bureau
des impôts, la réécriture de nos CV à la mode australienne, et d’autre part à
la recherche active d’un véhicule. Après avoir écumé toutes les annonces de
vente dans la majorité des backpacks
de la ville, il s’est avéré que notre coup de cœur est allé au deuxième que
nous aurons visité : un camper van Mitsubishi certes un peu vieux, avec
pas mal de kilomètres au compteur, mais en excellent état technique,
entièrement équipé, et très bien aménagé (qui plus est à 3000 $ !!).
Surtout que nous avons eu un excellent feeling avec le vendeur, Baptiste (et
son coéquipier Benjamin), avec qui nous avons pris par la suite le temps de
sympathiser… Bref, l’achat s’est fait relativement vite, et nous avons pu quitter
le backpack pour investir ce
merveilleux habitacle (nommé Mushi), et enfin, poser nos affaires pour un
lonnnnng moment. Un vrai bonheur.
A partir de là, et après un temps
d’acclimatation afin d’apprivoiser la bête, nous nous sommes retrouvés à
partager la vie des roulards, ou devrais-je dire des gitans, présents en masse
à Darwin. Autant dire que bien que fatigante, cette vie est assez fascinante,
et qu’elle me convient à merveilles. Certes, il faut trimballer sa maison trois
ou quatre fois par jour, de parkings gratuits en emplacements tolérés en
journée, mais une fois le rythme adopté, on s’y fait aisément. Par exemple,
après avoir dormi dans une allée déserte du port, il nous faut nous déplacer
une première fois pour aller prendre une douche et le petit-déjeuner, puis nous
allons à la bibliothèque municipale, afin de bénéficier d’une connexion wifi
gratuite et chercher des annonces d’emploi, pour enfin nous rendre au Woolworth
ou au Coles ( les supermarchés locaux) avant de nous poser à Mindil Beach ou
East Point, deux merveilleuses plages disposant de sanitaires publiques, où
notre petite communauté (française essentiellement) se retrouve
quotidiennemnt. Sans parler des marchés de nuit qui se tiennenent tous les jeudis et dimanches à Mindil... Oui, c’est assez spécial comme vie, j’en conviens, mais pas déplaisant.
Cela a surtout été l’occasion
pour nous de rencontrer des gens formidables, tels que Baptiste et Benjamin,
mentionnés plus haut, manouches intrépides, musiciens émérites et baroudeurs de
l’extrême, Ben et Lilou, un couple Grenoblois bien roots comme on les aime,
amis de Léo (que nous avions rencontré à Luang Prabang au Laos), Julien et
Sylvain, deux routards très sympathiques en stand-by, attendant leurs potes et
dulcinées, Jérémie et Cadrouche (une Kosovar), un charmant couple en vadrouille
accompagné de leur merveilleuse petite Emilie, avec qui j’ai allègrement
retrouvé mes quatre ans ; ou encore Aaron, un Aussie pur jus, multi
instrumentiste talentueux bien décidé à faire le tour du monde à vélo pendant
trois ou quatre ans. C’est avec eux que nous aurons appris les ficelles de la
gitanerie australienne, dans une ambiance bon enfant, pleine de solidarité et
de partage, essentiellement à Mindil Beach les Bains. Ils méritent donc
amplement que je leur offre un paragraphe de remerciements.
La deuxième team que nous avons rencontré est également assez haute en couleurs, étant donné que nombre de ses membres sont fous. Vous comprendrez donc aisément pourquoi je les ai bien aimé… Notamment Jonas et Clara, deux boutes-en-train marseillais, charmants et charmeurs, et qui plus est extrêmement généreux. C’est Jonas, qui possédant de bonnes notions en mécanique, a assuré le check-up de notre cher Mushi, nous confirmant que ce dernier tiendrait la route (Alors fais gaffe à toi espèce de rascasse ! Si le bastringue nous lâche, je viendrais t’esquicher de si près que tu seras mouche-mouche en deux-deux, fada de gros vié !). Ou encore Colas et Nico, les gitans de l’impossible, très drôles et complètement tarés dans des styles très différents. Tim et Justine également, un couple de bons vivants qui nous auront bien fait rire et appris de nouveaux pas de salsa. Justine s’est aussi chargée de faire souffrir les filles trois fois par semaines en improvisant des séances de fitness sur toniques et interminables. Sans oublier Julie et son poum-poum short, et son amie Fabienne, partie sur une île pour un boulot de rêve... Ou Michaël le prof de guitare, et sa chérie Fatima, ou Alice et Zoé… Un beau petit monde en somme, avec qui nous avons partagé de très bons moments, d’excellents barbecues, quelques beuveries notoires et de nombreux fous rires, d’autant plus quand Sylvain et Julien se sont joint à la bande. A tous, je vous dis donc merci les amis. Bonne route ou bon retour à certains, et à tout à l’heure pour les autres !
(Merci à Tim et Justine pour leurs photos)
Darwin est une ville agréable. A
l’extrême nord du pays, sur une côte déchiquetée en péninsules, anses et
presqu’îles bordées de mangroves, elle s’étend sur de nombreux kilomètres et
dispose de magnifiques parcs verdoyants, de places ombragées et de marinas
attrayantes. Bon, en tant que camper vanners, nous ne sommes pas forcément les
bienvenus partout, mais mis à part quelques rudes australiens grincheux et
mécontents, la plupart de ceux que nous avons rencontré jusqu’à présent étaient
gentils, aimables et souriants. La faune y est aussi très intéressante :
quantité d’espèces d’oiseaux se partagent le ciel, mais les maîtres incontestés
en sont les rapaces. Je n’ai su déterminer s’il s’agit d’éperviers ou de
faucons, mais quoi qu’il en soit, ils pullulent, offrant au regard de
splendides ballets aériens, des combats tournoyants ou des courses poursuite
effrénées. Nous avons aussi vu nos premiers wallabies, assez craintifs, et
avons sympathisé avec un opossum amical et amateur de melon, que j’ai baptisé Raoul.
Nous aurions aimé nous baigner, mais il est déconseillé de se tremper plus que
les orteils, en raison des crocodiles de mer et des dangereuses méduses boîtes,
mortelles pour certaines. Nous n’avons pas encore eu le privilège d’en voir de
nos yeux, mais aussi téméraire sois-je, je dois avouer ne pas être
particulièrement pressé.
La grosse déconvenue demeure tout
de même les Aborigènes, ou les Abos comme on dit ici. Je ne sais pas si j’avais
sublimé ce peuple austral aux traditions millénaires, mais leur vue me laisse
encore aujourd’hui un profond malaise. A l’instar des Amérindiens, les Abos se
sont fait submerger par une civilisation que beaucoup n’ont su (ou pu)
accepter. Et nombre d’entre eux marchent encore pieds nus, hagards, et
complètement bourrés. Le gouvernement leur donne apparemment 25 000 $
« d’indemnité raciale » par an, que la plupart utilise pour s’acheter
alcool et tabac. Ils se réunissent donc en groupe dans les parcs, et passent
leurs journées à se mettre la tête à l’envers, hurlant des obscénités et se
frappant violemment régulièrement. Quand ils n’essaient pas de nous voler nos
bières, ou tout autre objet à portée de main lorsque l’on sort la table de
camping. C’est d’une tristesse infinie, et j’espère vraiment en rencontrer de
plus « authentiques », ou du moins non alcoolisés, ce qui ne semble
pas gagné…
Cela fait deux semaines que nous
cherchons du boulot, et là non plus ce n’est pas gagné. Le mythe de l’Eldorado
australien, aux jobs faciles et bien payés, est en train de s’effriter. Il en
existe toujours, pour sûr, mais les nombreux backpackers, attirés comme nous
par l’appât du gain, se les arrachent aussitôt que l’occasion se présente, et
les CV s’entassent dans les boîtes d’intérim. Mais nous ne désespérons pas,
loin de là. Tout d’abord, Samia a commencé le Busking, autrement dit à jouer dans la rue, et ça marche vraiment
pas mal ! Ce sont essentiellement les salariés australiens qui donnent, à
l’heure du déjeuner, sans parfois même s’arrêter pour l’écouter, mais elle fait
néanmoins une performance d’enfer, et enchante les passants de sa voix
magnifique. Le reste du temps, elle passe les annonces au peigne fin, proposant
ses services en tant que prof de chant ou animatrice, ou pour faire des ménages
ou de l’accueil. Croisons les doigts pour elle ! De mon côté, bien que je
n’en avais aucune envie, j’ai commencé à postuler dans des restaurants en tant
que serveur, et j’ai décroché deux essais. Le premier avait pourtant porté ses
fruits, mais j’ai tout misé sur le deuxième, beaucoup plus intéressant à tous
les niveaux, où j'ai finalement été pris. Me voici donc dorénavant serveur attitré au restaurant chic "Il Lido"! C’est
notamment pour cette raison que nous avons décidé de rester tout l’été à Darwin
avant de prendre la route de la côte Ouest, en plus du climat évidemment, qui nous convient
parfaitement jusqu’à présent.
Je ne sais quand je pourrai
prendre le temps d’écrire l’article suivant, je vous remercie donc de bien vouloir
vous armer de patience, vous embrasse, et vous dis : A la prochaine !